Les gagnants et perdants de la chute du pétrole
Les fonds spécialisés sur l’énergie ont été pris de court par le contre-choc pétrolier

Comme anesthésiés par une longue période de faible volatilité et risques limités, les hedge funds n’ont pas vu venir le brusque contre-choc pétrolier. Il a même été le coup de grâce pour certains d’entre eux, tel le fonds matières premières de Brevan Howard, en sursis depuis plusieurs mois, et qui va fermer. Ce fonds, ne représente que 2% des actifs de Brevan Howard mais cette fermeture s’ajoute à d’autres désillusions (gestion quantitative, départs d’équipes…). Quelques rares fonds, mal partis cette année, se sont rattrapés lors des deux derniers mois mais pour la plupart la situation n’a fait qu’empirer. En effet, les hedge funds restent encore acheteurs nets de pétrole. Ils ont accompagné la baisse en tentant de limiter les dégâts plus qu’ils ne l’ont anticipée . Historiquement, ils n’ont été vendeurs nets de pétrole qu’à de rares occasions, en 1998, entre 2001 et 2002, ou en 2006 .

Pandémonium pétrolier

Une centaine de hedge funds opèrent exclusivement sur le segment des matières premières et gèrent autour de 80 milliards de dollars. Peu ont anticipé le violent décrochage de l’or noir et raflé la mise. Parmi eux, Andurand capital dont son fondateur Pierre Andurand, anticipe un cours du baril à 50 dollars fin 2015. Son hedge fund de près 350 millions de dollars a bondi de 18% le mois dernier . Autre gagnant, Taylor Woods, un fonds de 1 milliard de dollars, notoirement négatif à l’égard de l’or noir.Les investisseurs ont retiré leur argent des hedge funds spécialisés sur les matières premières lors de 9 des 12 derniers mois, du fait des performances décevantes. Même les fonds stars du secteur, comme Armajaro ou Krom River, ont connu une décollecte dans la première partie de l’année. Selon les indices de HFR, les hedge funds spécialisés sur l’énergie avaient gagné autour de 4% sur les 10 premiers mois de l’année et avant le « carnage » de novembre. Entre 2011 et 2013, leur rendement annuel a été chaque fois inférieur à 1%. Les fonds investis sur toutes les matières premières perdent 4% sur les 10 premiers mois de l’année et ont connu des performances annuelles comprisse entre -10% et +3% depuis 2013. Les hedge funds sont négatifs à l’égard de matières premières comme le cuivre, soja ou blé. Le platine semble pour l’instant tirer son épingle du jeu

Le spectre Amaranth

Les difficultés des fonds matières premières rappellent aux investisseurs la débâcle Amaranth. En septembre 2006, ce fonds de 9,3 milliards de dollars avait perdu les deux tiers de son argent en seulement deux semaines en spéculant de manière massive sur le gaz naturel. En cause notamment l’excès de confiance de son fondateur Brian Hunter, un trentenaire réputé pour ses paris concentrés : ses positions sur le gaz naturel représentaient près de 80% de sa prise de risque réelle, loin de la diversification qu’il promettait à ses clients. Les investisseurs se souviendront de cet épisode malheureux et garderont une grande méfiance à l’égard des poids lourds sur les matières premières. Ils leur préféreront les fonds plus petits, inférieurs à 1 milliard de dollars, et donc plus agiles pour se mouvoir dans les périodes volatiles

source Lesechos.fr

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