“l’anacarde va se positionner bientôt comme la seconde mamelle de l’économie ivoirienne à côté du cacao”

Plus d’un mois après l’ouverture de la campagne 2016 d’anacarde et après une brillante participation à la convention mondiale sur le cajou, Monsieur Malamine SANOGO, Directeur Général du Conseil du Coton et de l’Anacarde (CCA) nous fait le bilan de sa participation à cet important rendez-vous et nous situe sur les enjeux du SIETTA 2016.

1) Bonjour Monsieur le Directeur Général, vous avez participé récemment à la convention mondiale sur le cajou à Dubaï. Quel bilan pouvez-vous faire de votre voyage ?

Effectivement j’étais à Dubaï où j’ai participé à la convention mondiale sur le cajou qui s’est tenu du 17 au 24 février 2016. Globalement, nous avons fait le bilan de la filière en 2015 et les perspectives en 2016, tous les acteurs de base que sont les producteurs, les acheteurs, les exportateurs, les financiers, les transporteurs et les consommateurs finaux que sont les Américains étaient tous présents à cet important rendez-vous.
Ce fut une occasion idéale pour chacun de présenter sa situation par exemple les conditions d’entrée de l’anacarde aux Etats-Unis, les reproches faites par les Américains, les exigences sanitaires.
Concernant la délégation ivoirienne, notre priorité était de tout d’abord montrer que la Côte d’Ivoire est une destination privilégiée pour tout investissement dans la filière anacarde, ensuite faire la promotion du Salon International des Equipements et des Technologies de Transformation de l’Anacarde (SIETTA) et enfin échanger sur les nouvelles mesures d’incitation prises par le Gouvernement pour attirer les investisseurs. Ce sont ces orientations stratégiques que nous nous sommes fixées en participant à cette convention mondiale.

2) Vous vous êtes rendus aussi au Vietnam où vous avez procédé au lancement de la campagne anacarde de la Côte d’Ivoire au plan international. Pourquoi avoir choisi ce pays ?

Il est important de savoir que cette année, nous avons prévu de lancer la campagne dans trois pays à savoir l’Inde, le Vietnam et la Côte d’Ivoire.

En effet, le Vietnam représente une étape stratégique pour nous car depuis quelques années il existe une collaboration entre la Côte d’Ivoire et le Vietnam. Ce partenariat se matérialise par l’appui du Vietnam pour la construction du Centre de Technologie et de Cajou (l’usine-école) de Yamoussoukro, en plus des machines seront mises à dispositions du centre par les Vietnamiens.

Justement lors de notre passage récent dans ce pays, nous avons rencontré le vice-recteur de l’Université et nous avons encore signé une convention d’assistance technique entre les deux pays. Vous convenez donc avec moi que c’était important que nous partions au Vietnam pour appuyer toute cette collaboration.

Je vous informe que le Vietnam est le deuxième acheteur de noix de cajou de la Côte d’Ivoire. Nous avons donc profité de l’occasion pour voir avec eux quelle a été leur perception de la campagne 2015 et quelles sont leurs attentes au niveau de la campagne 2016. Ils sont reconnus une nette amélioration de la qualité des produits origine Côte d’Ivoire mais estiment qu’il y’a encore des efforts à fournir et propose même d’envoyer leurs contrôleurs qualité en Côte d’Ivoire afin de nous apporter leur expertise.

Nous avons aussi débattu sur une autre préoccupation que nous partageons avec eux. La Côte d’Ivoire souhaite que le prix au producteur de l’anacarde augmente pendant que le Vietnam propose que le prix d’achat pour leurs usines diminue. Au fond il n’existe pas d’antagonisme parce que nous avons constaté qu’il y’a certains acteurs à l’intérieur de la chaîne qui captent des marges. Ces acteurs, ce sont les intermédiaires. Pour résoudre cette double équation, nous avons décidé tout simplement d’un commun accord de réduire les intermédiaires et encourager les échanges directs entre la Côte d’Ivoire et le Vietnam.

Nous allons donc travailler à mettre en place un contrat unique c’est à dire la Côte d’Ivoire met à la disposition du Vietnam les exportateurs qu’elle agréé et le Vietnam à son tour met à la disposition de notre pays leurs opérateurs agréés et ensemble nous essayerons d’arbitrer les contentieux qui vont exister entre les parties.
En somme, nous pensons que la réduction des intermédiaires va permettre de répondre au double objectif que sont l’augmentation du prix au producteur et la réduction du prix d’achat pour les usiniers du Vietnam.

Enfin, nous avons été reçus dans la plus grande province de production d’anacarde où nous avons eu plusieurs échanges. Les producteurs vietnamiens ont souhaité recevoir les producteurs ivoiriens pour les former aux bonnes pratiques et à une production à hauts rendements. Nous envisageons donc une mission des producteurs d’anacarde ivoirien vers cette province.

3) En tant que premier producteur mondial d’anacarde quand est ce que notre pays pourra organiser la convention mondiale sur le cajou ?

Nous avons commencé le lancement de la campagne à l’international par le Vietnam que nous venons de venir. La prochaine étape sera l’Inde et nous serons en compagnie du Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural Monsieur Mamadou SANGAFOWA COULIBALY. Pendant notre séjour dans ce pays, le Ministre va livrer une communication sur cette question. Je ne pourrai pas vous en dire plus.

4) Après la fixation du prix de l’anacarde pour la prochaine campagne, quels sont les retours que vous avez ? Les prix sont ils respectés effectivement ?

Il faut savoir que nous avons lancé les prix sciemment. Nous savons très bien que les productions n’étaient pas disponibles. L’objectif principal c’était d’éviter que certains opérateurs véreux achètent l’anacarde aux producteurs à n’importe quel prix. Il fallait donc lancer la campagne. Evidemment nous savons que c’est à partir de mi-mars que la production va monter.

Le retour que nous avons du terrain est bon. Les prix sont respectés, la moyenne tourne autour de 500 F CFA. Mais je profite de cette opportunité que vous m’offrez pour lancer un message car il existe des velléités de sortir du produit par les frontières. Ce genre de pratique décourage les investissements et ne permets pas une meilleure structuration de la filière.

Notre objectif majeur actuellement en Côte d’Ivoire c’est la transformation et nous mettons tout en œuvre pour avoir des usines avec des outils de dernière génération mais si nous avons tout ce matériel et ne pas de noix pour les transformer, nous ne pourrons jamais atteindre notre objectif.

Actuellement, notre souci majeur c’est d’appuyer la recherche, cela passe par la mise en place des pépiniéristes pour mettre à la disposition des producteurs, des plants à haut rendement et qui résistent contre les maladies. Il faut prendre un certain nombre de dispositions qui permettront à la filière anacarde de connaitre une certaine durabilité à l’instar du cacao. Ces mesures sont entre autres la lutte contre les maladies du verger, la structuration et le renforcement de la commercialisation, l’incitation des transformateurs à venir en Côte d’Ivoire.

En tout état de cause, nous avons été mandatés par l’Etat de Côte d’Ivoire pour réguler et contrôler cette filière, nous allons donc prendre nos responsabilités et attirer l’attention des autorités afin que des sanctions soient prises contre les personnes impliquées dans les sorties de produit par nos frontières.

Mais avant d’arriver aux sanctions, j’aimerais que chaque acteur puisse mettre l’intérêt de la filière en avant au détriment des intérêts personnels. J’aimerais aussi attirer l’attention des uns et des autres sur les enjeux et les défis futurs de cette filière qui dans quelques années risque de se poser comme la seconde mamelle de l’économie ivoirienne à côté du cacao.

La Côte d’Ivoire domine le marché international, nous devons donc garder nos produits ici, maintenir la qualité, vendre nos produits ici et assumer nos responsabilités au niveau du développement de cette filière. J’aimerais vous dire qu’à l’ouverture de l’espace économique en Asie du Sud-est, y’a des banques thaïlandaises qui sont intéressées à financer la commercialisation de la noix de cajou origine Côte d’Ivoire.

Enfin, pour ce début de campagne, je félicite tous les acteurs et plus particulièrement les producteurs. Nous continuons toujours à les accompagner notamment dans le cadre des comités villageois des producteurs d’anacarde.
Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, il existe des comités villageois de producteurs d’anacarde dans chaque village des zones de production, nous allons les appuyer au renforcement des capacités, au microcrédit à travers les mobile banking parce qu’il n’existe pas de banque généralement dans ces zones. Toutes ces actions sont menées pour mettre les producteurs en confiance.

4) Le Salon International des Equipements et des Technologies et de Transformation de l’Anacarde (SIETTA) a été au cœur de vos échanges avec vos différents partenaires. A quoi doit-on s’attendre pour cette édition 2016 ?

La principale mission du SIETTA c’est de vulgariser les équipements et les technologies de transformation de l’anacarde en Côte d’Ivoire, nous n’allons pas nous dévier de notre objectif.

Le SIETTA 2016 aura deux volets. Un volet grand public où tous les Ivoiriens seront invités à venir connaitre les produits dérivés (sauce anacarde…) afin que l’anacarde qui a des vertus alimentaires soient de plus en plus consommés par les Ivoiriens. Il s’agira en clair de vulgariser les consommations locales des produits dérivés de l’anacarde qui n’ont pas un attrait commercial au niveau international.
Un volet technique au cours duquel des spécialistes échangeront sur les modèles d’investissement et les filières à promouvoir.

Il faut souligner avant de terminer que les différents pays présents à la réunion de Dubaï ont tous émis la volonté de venir au SIETTA 2016.

L’université technique de Ho Chi Minh de Vietnam aura même son stand. Les Chinois qui se sont lancés y’a peu de temps dans la construction d’équipements sont prêts à venir.

Le SIETTA 2016 sera donc ouvert à tous les Ivoiriens et au monde entier.

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