3cabossesLe président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a décrété lundi la prise de contrôle par l`Etat de l`achat et de l`exportation de cacao, dont le pays est premier producteur mondial, alors que ces activités étaient jusque-là dominées par des multinationales.Engagé dans un bras de fer avec Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale après le scrutin de novembre, Laurent Gbagbo tente ainsi de contrer la paralysie de la filière cacao, entraînée en particulier par les sanctions économiques de l`Union européenne, notamment l`embargo de fait sur les ports d`Abidjan et San Pedro (ouest), premier port d`exportation de cacao au monde.


Selon une ordonnance lue sur la télévision publique RTI, "l`achat du café et du cacao aux producteurs et aux groupements de producteurs s`effectue"désormais "exclusivement par l`Etat sur l`étendue du territoire national". Cet achat s`opère "suivant un prix déterminé par l`Etat en début de chaque période de vente", indique le texte."L`exportation des produits de la filière café-cacao est effectuée par l`Etat, par toute personne morale mandatée par l`Etat ou titulaire d`un agrément en qualité d`exportateur", stipule encore l`ordonnance. "Les exportateurs agréés s`approvisionnent en fèves de cacao et en café vert auprès de l`Etat ou de toute personne morale mandatée par l`Etat", précise-t-on.Pour couper les vivres à son rival et le forcer au départ, M. Ouattara a ordonné fin janvier l`arrêt des exportations de cacao, un appel respecté par les grands négociants et chocolatiers, privant du coup le régime Gbagbo d`importantes ressources. Le café et le cacao représentent 40% des recettes d`exportations de la Côte d`Ivoire et environ 20% de son PIB. Alors que la crise post-électorale a été marquée depuis mi-février par une flambée de violences, à Abidjan et dans l`ouest en particulier, la bataille se poursuit parallèlement sur le terrain économique.


La prise de contrôle de la filière cacao par le gouvernement Gbagbo intervient après la réquisition en février, ou "nationalisation", de deux filiales ivoiriennes des banques françaises BNP Paribas et Société générale.


Le pouvoir en place avait pris cette décision après le quasi-effondrement du secteur bancaire, les banques commerciales ayant toutes fermé après la rupture entre la banque centrale ouest-africaine (BCEAO), qui reconnaît M.Ouattara, et le régime Gbagbo. Seules les banques publiques restent en activité.La crise politique a déjà entraîné une profonde crise économique et
sociale, avec une hausse des prix des denrées et des craintes de pénurie de carburant notamment, tandis que nombre d`entreprises sombrent, multipliant licenciements ou mesures de "chômage technique".

Source AFP

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