3cabossesAlors que les violences et les combats se multiplient avec quelques  450 000 déplacés, Laurent Gbagbo a signé lundi 7 mars 2011 un décret qui fait de  l’achat du cacao et de son exportation une prérogative des pouvoirs  publics. “Les exportations de produits issus du secteur du café et du  cacao seront du ressort de l’Etat, de ceux mandatés par l’Etat, ou de  titulaire d’un permis d’exporter conforme aux dispositions déterminées  par le décret”, a annoncé la radiotélévision ivoirienne. Une décision  qui fait suite à celle prise quelques jours avant la nationalisation des  banques. Depuis le 24 janvier, suite à l’appel d’Alassane Ouattara, les  fèves de cacao ne sont plus exportées. Selon la Bourse du Café et du  Cacao, les stocks de cacao non exportés s’élèveraient dans les ports à  475 345 tonnes. Les industriels s’interrogent pour savoir si ce décret  prend en compte les stocks de cacao entreposés et s’ils seront ainsi  saisis. “Si le décret n’affecte pas nos stocks existants, cela pourrait  être moins dramatique. Mais si c’est le cas, c’est une catastrophe», a  déclaré à Reuters une source du secteur ivoirien. Au prix du marché, qui  sont à un sommet de près de 32 ans, la valeur des stocks représenterait  environ $1,8 milliard et en volume environ 1/3 de la récolte annuelle.  Par ce décret, Laurent Gbagbo veut remettre la main sur la principale  source de revenu du pays, nécessaire pour payer les salaires du secteur  public et de l’armée. Mais les industriels estiment que le  quasi-effondrement du système bancaire local et les exigences  logistiques inhérentes à l’acheminement des fèves pourraient  contrecarrer les ambitions de faire de l’Etat le seul acheteur et  exportateur du cacao.

 

 ”Le problème est de savoir comment ils vont payer  les producteurs étant donné que le pays n’a guère de banques ou  d’argent?”, s’interroge une source du secteur ivoirien. Une autre source  s’interroge que la capacité de l’Etat de gérer le transport, le  conditionnement et le stockage des fèves avant même avant l’exportation.  «De loin, tout semble facile. Mais il y a une énorme machine derrière  chaque kilo de cacao qui arrive au port. Le gouvernement a-t-il le  temps, les moyens et les effectifs de faire le nécessaire dans le temps  impartit ? Selon le décret lu à la télévision d’Etat , l’État  achètera les fèves aux producteurs à un prix fixé et pourrait alors  chercher à les vendre sur les marchés mondiaux, en remplaçant le rôle  des exportateurs qui ont largement suivi l’appel Alassane Ouattara à  suspendre les livraisons. ”Il (Gbagbo) est évident qu’il soit dans une  position difficile et fait certainement monter les enchères”, a déclaré  Jonathan Parkman de Marex. «Il exerce une pression sur les exportateurs …  Ils sont entre le marteau et l’enclume.” Les enjeux sont élevés étant  donné le risque de la détérioration de la qualité des fèves non  exportées si elles restent dans les entrepôts. ”Les entrepôts ne sont  pas suffisamment ventilés pour garder les fèves pendant des semaines.  Elles peuvent y rester 10 jours au plus et elles y sont depuis 15 à 20  jours, la qualité devient un problème et c’est notre principale  préoccupation”, indique la deuxième source. En fin de compte, même si  Laurent Gbagbo réussit à surmonter tous ces défis, la question demeure  de savoir qui va acheter le cacao. Les gouvernements occidentaux ont  fait pression sur les multinationales afin d’éviter toute transaction  qui pourrait financer Laurent Gbagbo. Les analystes estiment que les  marchés chinois et russe représentent à peine 50 000 tonnes par an  chacun. ” Laurent Gbagbo ne sera pas en mesure de le vendre, car aucune  des multinationales ne peut y toucher.”
 

Source: Commodafrica.com

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