La tension monte en Côte d'Ivoire dans l'attente des résultats du second tour de la présidentielle. Et depuis quelques jours, le cacao a bien du mal à sortir du pays.

 

« Avec le couvre-feu, tout tourne au ralenti, témoigne un exportateur de cacao, à Abidjan. Les véhicules ne roulent pas le soir, on a des difficultés à acheminer les produits au port. J'ai raté tous mes navires depuis trois jours ! ». Il n'y a pas que le transport routier qui soit entravé, les formalités phytosanitaires et douanières se font aussi au compte-goutte. De leur côté, les armateurs ont, de toute façon, pour beaucoup cessé de faire escale, à Abidjan ou à San Pedro, pour charger les fèves. Des bateaux attendent, au large.


Cette situation de blocage s'était déjà produite juste après le premier tour de la présidentielle, mais elle n'avait pas duré. Et entre les deux tours, les arrivées au port s'étaient ensuite accélérées pour écouler les fèves accumulées.


Le nouvel engorgement lié au second tour pourrait être plus long, alors qu'on est au plus fort de la campagne cacaoyère !
Les retards s'accumulent cette année, témoigne un gros industriel du chocolat : la récolte elle-même avait du retard, il y a eu des grèves dans les ports, du coup les contrats d'affrètements ont été reportés. Résultat, le cacao ivoirien est arrivé avec retard dans les ports européens.


Cependant, les gros acteurs de la filière s'inquiètent plus à moyen et long terme de la situation en Côte d'Ivoire. A court terme, ils n'ont pas de problème d'approvisionnement, ils ont des stocks de l'an dernier. Et ils se sont tournés vers d'autres origines que la Côte d'Ivoire.


Bien sûr, on ne peut que regarder du côté du Ghana voisin, le 2e producteur mondial. Les statistiques de début de campagne à Accra viennent de tomber, et elles sont très instructives : le Ghana aurait vendu moitié plus de fèves au cours du mois écoulé que l'an dernier, soit 100 000 tonnes de plus. « C'est forcément le signe que beaucoup de cacao ivoirien est passé en contrebande par le Ghana », juge un expert du cacao ouest-africain. Les grands opérateurs ont sécurisé leur approvisionnement ainsi, en prévision des troubles.

 

Source : Chronique des Matières Premières (RFI)

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