Une partie du cacao camerounais refusé dans les ports européens

2 000 tonnes de cacao du Cameroun auraient été bloquées récemment dans les ports européens : trop humide, ou trop fumé. Le Cameroun, cinquième producteur mondial, tente de surmonter - ou de contourner - ce problème de qualité.

Le cacao camerounais a joué de malchance en ce début d'année. En arrivant en Europe, dans des conteneurs pas très bien isolés, il a subi un choc thermique entre le temps, plus humide et chaud que jamais au Cameroun, et le froid intense qui règne en Europe. La condensation a été maximum, explique un courtier, et les fèves de cacao en ont souffert. Cette situation exceptionnelle s'est ajoutée à une caractéristique ancienne de la production camerounaise : le goût fumé parfois trop prononcé de son cacao. Car dans la région du Mont Cameroun et sur le littoral, où se fait la moitié de la récolte, le cacao ne peut pas sécher à l'air libre ; il pleut toute l'année, alors on utilise des fours à bois dont la fumée est parfois mal évacuée, ce qui altère le goût des fèves.

Ce problème a découragé dans le passé certains petits importateurs européens. D'autres ne s'approvisionnent plus que dans le centre du pays, qui n'est pas concerné par le séchage au bois. Quant aux gros importateurs, ils s'en sont moqués jusqu'à présent puisqu'ils font des mélanges de fèves d'origines différentes, ce qui rend le goût fumé indécelable. Le cacao camerounais est au contraire très apprécié par l'industrie pour sa couleur rougeâtre, une qualité aux yeux des fabricants de poudre de cacao. Les fèves camerounaises sont aussi très riches en beurre de cacao, utile aux chocolatiers, et ce beurre peut être désodorisé...

Mais en avril prochain, l'Europe va instaurer un contrôle très strict des traces de fumée dans les cargaisons de fèves. Alors certains acheteurs ont pris les devants en refusant tout récemment du cacao camerounais sur ce motif, peut-être pour obtenir des ristournes sur les prix... Car le problème a été largement contourné par les plus gros acheteurs de cacao (Cargill, ADM, Barry Callebaut) : ils ont des usines de broyage au Cameroun, ce qui leur permettra d'échapper au test sur les fèves brutes, dans les ports européens !

Le gouvernement camerounais n'en cherche pas moins à redorer l'image de son cacao, dont la production a doublé en dix ans, pour atteindre 200 000 tonnes aujourd'hui. Des recherches sont en cours sur le séchage des fèves par ventilation, explique un spécialiste camerounais de la qualité du cacao, une alternative au feu de bois pour les planteurs de la région Ouest.

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