Les mines africaines voient le bout du tunnel

On les pensait morts et enterrés, ils viennent de faire leur retour sur la scène internationale. Les métaux attirent à nouveau les investisseurs. C'est une des conclusions qui s'est dégagée de la conférence Mining Indaba, qui s'est achevée jeudi dernier à Cape Town, en Afrique du Sud. Regroupant les acteurs les plus importants du marché des métaux, cette semaine était une bonne occasion de tâter le pouls du secteur.

Si l'heure n'est plus à l'euphorie de la fin des années 2000, le secteur a retrouvé quelque peu le sourire. Pourtant, l'investissement dans les compagnies minières reste encore risqué. Il faut désormais agir au cas par cas.

La Chine est de retour...
Longtemps la simple présence de la Chine et de groupes chinois ont suffi à rassurer sur la bonne santé de l'industrie minière. Or un des constats fait cette semaine, c'est que la Chine est de retour. Comme le souligne Jeune Afrique, la présence chinoise s'est même "fait plus visible que lors des éditions précédentes".

Ce retour s'est confirmé. Ainsi la China National Nuclear Corporation a pris une part dans un projet d'uranium en Namibie, pour 200 millions de dollars. De même, la China National Gold est sur le point d'acheter une mine de cuivre au Congo. Ce sont des bonnes nouvelles alors que les investissements miniers chinois sur le continent avaient baissé de 10% l'année dernière.

Pourtant la Chine a perdu de son aura. La présence chinoise n'est plus synonyme d'investissement tout azimut et de croissance assurée.

... sur certains secteurs
Fer, uranium, cuivre...c'est à peu de chose près la brochette de métaux sur lesquels le pays mise actuellement. On est loin de l'image caricaturale d'une Chine construisant aveuglement immeubles et autoroutes contre une petite part dans un projet minier africain. Si les besoins de la Chine en métaux restent toujours élevés, le pays a fait le bilan de sa suractivité des années 2000. Comme le reconnaît Wang Jiahua, vice-président de la Chinese Mining Association, cité par le Financial Times, 80% des investissements [outre-mer] ont largement échoué. Aujourd'hui Pékin et ses minières se tournent vers les métaux les plus rentables (cuivre et fer) ou les plus stratégiques (uranium).

Ce virage s'explique en partie par une montée en puissance des compagnies privées chinoises qui tendent à privilégier la rentabilité, comme Gold One, au détriment des compagnies minières d'Etat. Ce virage correspond peu ou prou à la même tendance actuelle dans l'industrie minière. Depuis la chute du prix des métaux à partir de 2012, les actionnaires demandent une plus grande prise en compte de leur intérêt, et une meilleure rentabilité des capitaux. Cette tendance a amené les nouveaux directeurs des compagnies à faire le tri entre les différents projets, et à assumer l'annulation d'énormes projets. En un mot, la Chine se normalise. Le secteur a perdu sa locomotive tout-terrain.

Quel avenir pour l'industrie minière en Afrique ?
A moyen terme, la situation reste enthousiasmante. Si la croissance chinoise est restée aux alentours de 7,5% en 2013, ses importations en cuivre et en fer ont continué de progresser. Ses importations de métal rouge ont notamment bondi de 30% en décembre 2013, signe d'un come back très vigoureux de l'industrie chinoise. Certains analystes voient le cuivre revenir à 8 000 $ la tonne cette année. La Zambie, dont plusieurs projets cuprifères ont été annulés ou retardés, restera un eldorado du cuivre. Dans le fer, la Guinée restera également dans le viseur des investisseurs grâce à ses immenses gisements de fer.

Mais si l'avenir de la mine passe encore par l'Afrique, tout du moins à propos de ces métaux, les problèmes rencontrés lors du scramble sur les ressources africaines dans les années 2000 vont perdurer. Le manque d'infrastructure et de source d'énergie sur le continent va rester un obstacle majeur.

A noter que le projet de cartographie de l'ensemble des ressources naturelles de l'Afrique par la Banque mondiale, un projet d'1 milliard de dollars, participera à donner plus de visibilité au continent. A l'inverse des autres, le sous-sol africain reste mal connu.

SOURCE L'EDITO MATIERES PREMIERES

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