Matières premières : baisse sans précédent depuis 2008, dans le sillage du pétrole
31 déc. 2014L’année est marquée par l’effondrement des prix de l’or noir et du minerai de fer, au plus bas depuis cinq ans. La volatilité fait son retour, en particulier sur les marchés pétroliers et agricoles.
Peu de matières premières auront été épargnées par les baisses en 2014. La plupart se lisent à deux chiffres : le sucre, le cuivre, l’argent ou encore le soja ont perdu entre 10 % et 20 %, le coton et le caoutchouc ont décroché de quelque 30 %. Il y a aussi ce qui ressemble fort à un krach, avec le plongeon de l’ordre de 50 % du pétrole et du minerai de fer.
Globalement, le recul des cours sur ces différents marchés ramène les matières premières cinq ans en arrière, lorsque le monde était en pleine crise financière. L’indice de référence S&P GSCI, composé de 24 matières premières, termine le mois de décembre au plus bas depuis mars 2009. Il a perdu plus de 30 % cette année, du jamais-vu depuis 2008.
L’année avait pourtant commencé favorablement pour le secteur. Il avait réalisé, au premier semestre, sa meilleure performance depuis la crise financière. Au point que cette classe d’actifs alternative éveillait de nouveau la curiosité des investisseurs après une année 2013 marquée par une décollecte historique.
Que s’est-il passé ? Les explications sont d’abord à chercher du côté d’une offre abondante. Les Etats-Unis se sont mis à produire du gaz et du pétrole de schiste à tout-va, les majors minières du fer ont fait de même . Ce trop-plein a commencé à arriver sur le marché.
L’impact de la moindre croissance chinoise
Mais ces surplus ne justifient toutefois pas, à eux seuls, la baisse des cours. L’essoufflement de l’économie mondiale a joué également. Les grandes institutions de la planète ont revu leurs prévisions à la baisse. La zone euro végète, les marchés émergents faiblissent, la Chine, premier consommateur mondial de métaux et dont les besoins énergétiques sont également très importants, pourrait connaître sa croissance la plus faible depuis 1990, son marché immobilier, en particulier, se montrant moins gourmand.
Ce tableau macroéconomique plus sombre que prévu en début d’année a pesé sur la demande mondiale de matières premières. Certes, les importations chinoises ont progressé, à l’exception notable du charbon, mais les opérateurs de marché soulignent que le pays stocke et consomme moins qu’avant.
La baisse des taux d’intérêt décidée par le gouvernement chinois, la première en deux ans, n’a fait qu’ajouter à la morosité, souligne Robin Bhar, à la Société Générale.
Les matières premières n’ont plus la cote chez les investisseurs
Les marchés des matières premières ont aussi été influencés par le virage de la politique monétaire américaine. La fin du soutien historique de la Réserve fédérale à la première économie mondiale et la perspective d’une remontée des taux d’intérêt en 2015 ont entraîné une volatilité accrue sur nombre de gros marchés émergents consommateurs et une chute des monnaies locales.
Le renforcement du dollar n’a pas aidé, la majeure partie des matières premières étant achetées en devise américaine.
Certaines ont cependant fait exception. Le café s’est envolé sur des craintes de chute de la production d’arabica brésilien après une sécheresse sans précédent. L’idée que la planète puisse également être à court de nickel, de zinc, d’aluminium ou de palladium a soutenu ces métaux.
Le blé a quant à lui connu une impressionnante volte-face en septembre en raison des inquiétudes sur les exportations de la Russie, acteur majeur du secteur.
Conséquence, la cote du secteur des matières premières s’est effondrée fin 2014 chez les investisseurs. Plus d’un quart (en net) des gérants de fonds sondés par Bank of America-Merrill Lynch en décembre « sous-pondèrent » désormais la classe d’actifs. Ils n’avaient jamais été aussi nombreux cette année.
source Les Echos