91ème session de l’ICCO: Duncan (Premier Ministre)présente les quatre défis à relever pour une économie cacaoyère durable
25 mars 2015Le Premier ministre Daniel Kablan Duncan a ouvert le mardi 24 mars 2015 à Abidjan, la 91ème session ordinaire de la Conférence internationale du cacao (ICCO). Ci-dessous, l’intervention du chef du gouvernement ivoirien.
C’est avec un réel plaisir que je prends la parole ce jour, au nom du Président de la République de Côte d’Ivoire, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la 91ème session ordinaire de la Conférence Internationale du Cacao qui se tient à Abidjan du 23 au 27 mars 2015. Permettez-moi avant tout propos, de souhaiter au nom du Président de la République et du Gouvernement ivoirien, le traditionnel « AKWABA », c’est-à-dire la cordiale bienvenue à nos illustres hôtes venus des pays frères et amis, pays membres de l’ICCO, pour prendre part à cette importante rencontre. C’est à la fois un honneur et une grande fierté pour la Côte d’Ivoire et le peuple ivoirien d’accueillir cette rencontre internationale de réflexion sur les problématiques de la culture du cacao et de la consommation des produits à base de cacao à travers le monde entier. Je saisis l’heureuse occasion de cette cérémonie pour exprimer les remerciements et la gratitude du Gouvernement ivoirien au Président du Conseil International du Cacao pour avoir permis la tenue en terre ivoirienne de cette 91ème session du Conseil. J’associe à ces remerciements, le Secrétariat Exécutif et l’ensemble des pays membres de notre organisation. Mes remerciements et encouragements vont également à l’endroit du Comité d’organisation co-présidé par le ministre du Commerce, de l’Artisanat et de Promotion des PME M. Jean-Louis Billon et le ministre de l’Agriculture M. Mamadou Sangafowa Coulibaly. En novembre 2012, en ce même lieu, s’est tenue la première conférence internationale sur le cacao. La déclaration ainsi que l’agenda global pour le développement de l’économie cacaoyère qui en sont issus recommandaient à chacun des membres de l’ICCO de définir et de mettre en œuvre des plans nationaux de développement durable de la filière. Il s’agissait également de mettre en place des plateformes de partenariat public-privé en vue d’assurer une meilleure coordination des efforts et une optimisation des ressources. Ces deux actions majeures de l’Agenda global sont en ligne avec les grands axes stratégiques de la réforme que notre gouvernement, a entreprise depuis 2012, afin de rendre la filière café-cacao plus performante, prospère et durable. Nous avons également le plaisir de vous annoncer que la Côte d’Ivoire dispose désormais, d’un Programme national de développement de la filière, appelé « Programme Quantité et Croissance, en abrégé, Programme 2QC. Ce Programme élaboré de manière participative avec le secteur privé est mis en œuvre par Le Conseil du Café-Cacao à travers la plateforme de partenariat public-privé. A ce stade de mon propos, je voudrais remercier l’ICCO d’avoir reconnu et honoré la Côte d’Ivoire en juin 2014 à Amsterdam, pour le rôle pionnier que notre pays a joué dans la mise en place des plateformes de partenariat public-privé telle que recommandé à la première conférence mondiale sur le cacao. Ces résultats ainsi enregistrés ne doivent pas occulter les efforts qui restent à faire pour relever les défis en vue de promouvoir l’économie cacaoyère durable. Cette tribune m’offre l’occasion d’aborder de manière spécifique quelques défis liés à l’économie cacaoyère durable qui nécessitent la mobilisation de tous. Le premier défi concerne la valorisation et la transformation du cacao afin d’accroitre la valeur ajoutée des pays producteurs. Je voudrais donner deux chiffres pour attester la nécessité pour les pays producteurs de mener des actions pour accroitre la valeur ajoutée du cacao : sur 65 580 milliards de F CFA (109,3 milliards de dollars) de chiffres d’affaires de l’industrie du cacao, seulement 3 540 milliards de F CFA (5,9 milliards de dollars) reviennent aux producteurs ; soit 5% aux pays producteurs contre 95% aux industriels et autres intermédiaires. En Côte d’Ivoire par exemple, le taux de transformation est d’environ 35% et concerne essentiellement la première transformation, d’où l’enjeu d’accroître ce taux et les chaînes de valeur de la filière industrielle du cacao. Le deuxième défi porte sur la volatilité des cours du cacao. Nous avons en ce qui nous concerne opté pour un programme de vente anticipée à la moyenne qui permet d’atténuer les effets de cette volatilité sur les prévisions du prix au producteur. Nous sommes convaincus que des actions concertées doivent être conduites pour une plus grande transparence du marché à fin que les prix internationaux reflètent au mieux le rapport entre l’offre et la demande mondiale de cacao. Les réformes entreprises dans la filière ont permis également de garantir la bonne qualité de la production et des revenus plus substantiels aux producteurs : 1 309,65 milliards de francs CFA (2 milliards d’euros) en 2014, soit 20,51% de hausse par rapport à 2013 ; ce qui représente en moyenne 7% du PIB de la Côte d’Ivoire. Le troisième défi concerne la lutte contre les pires formes de travail des enfants. Notre pays a pris des dispositions réglementaires, institutionnelles et organisationnelles pour éradiquer ce phénomène. De nombreux efforts ont été consentis dans les pays producteurs pour contenir et lutter contre le phénomène. Or, toute la campagne médiatique faite autour de cette pratique semble ignorer non seulement les efforts en cours mais elle a tendance parfois à travestir et à grossir les faits. Je propose dans ces conditions que soient conduites des campagnes médiatiques qui restitueront la réalité des faits en mettant l’accent sur les efforts accomplis. Pour notre part, le Gouvernement continuera ses efforts pour lutter efficacement contre ce fléau. Le quatrième et dernier défi est l’amélioration des conditions de vie des producteurs et du capital humain. Le Gouvernement ivoirien entreprend de nombreux investissements dans les domaines suivants : routes et pistes agricoles ; eau potable ; électricité ; éducation et santé. A cela s’ajoute le Programme du Gouvernement relatif aux cyber-centres communautaires ; Centres Communautaires de Convivialité intégrant les TIC. J’ai bon espoir que ces défis seront abordés au cours de vos travaux dont le thème central comme l’a présenté le Directeur Exécutif de l’ICCO pourrait se résumer comme suit : « l’économie cacaoyère mondiale : présent et avenir ». Je ne saurais terminer mon propos, sans réaffirmer la volonté du Gouvernement Ivoirien d’abriter le siège de notre institution commune, l’ICCO à Abidjan. A cet effet, le Gouvernement vient d’actualiser l’offre qui consiste , d’une part , à mettre à la disposition de l’ICCO, à titre provisoire, des locaux à usage de bureaux sur une superficie de 1200m2 à 1500m2 et, d’autre part, à attribuer à cette organisation un terrain d’une superficie de 10.000 m2 devant abriter à titre définitif son siège. Le Gouvernement ivoirien fonde beaucoup d’espoir sur les résultats de vos travaux qui portent sur les sujets d’intérêt commun, notamment la durabilité, les normes et la certification, la conformité aux règles commerciales multilatérales et la collecte de fonds pour les projets de développement et stratégie de communication. Je réitère également mes vifs remerciements à l’endroit de tous les pays membres ici présents. Je vous souhaite également un excellent séjour sur les bords de la lagune Ebrié. Tout en souhaitant plein succès à vos travaux, je déclare, au nom du Président de la République de Côte d’Ivoire, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, ouverts les travaux de la 91ème session ordinaire du Conseil International du Cacao.
Je vous remercie
de votre aimable attention.