Cinq mille agriculteurs issus de quatorze régions françaises et près d'un millier de tracteurs ont entrepris hier leur longue marche vers Paris pour manifester de Nation à République. Un mouvement qui va fortement perturber les Parisiens à l'heure des départs au travail. Après les producteurs de lait l'an passé, après les maraîchers et les arboriculteurs, c'est au tour des céréaliers de battre le pavé pour exprimer leur inquiétude sur l'avenir de la Politique agricole commune dont ils restent les premiers bénéficiaires.

Certes, il s'agit bien d'une action exclusive des bassins de production céréalière, mais on retrouvera à leur côté TRACTEURS-SUR-PARIS.jpgd'autres exploitants car les revendications sont finalement communes. Tous exigent un marché régulé ainsi que la mise en place d'un comité de suivi. Tous demandent aussi un allègement des charges qui découlent notamment des nouvelles exigences environnementales.

Les producteurs de grandes cultures, essentiellement des céréaliers, producteurs de colza et de tournesol, réclament des mesures rapides pour lutter contre la baisse des cours mondiaux. Pour l'avenir, ils espèrent également le maintien des mécanismes européens de soutien des prix et des aides à l'exportation alors même que la disparition de la Politique agricole commune est prévue dans trois ans.

Cette colère trouve en partie son origine dans le dispositif Barnier lancé en 2009 qui visait à répartir autrement des aides de la PAC élargies également aux éleveurs et à l'agriculture de montagne. « Initialement, le mouvement est parti du nord de la France et de l'est. Mais sur les huit départements de Midi-Pyrénées, six sont tournés vers l'élevage et la culture des céréales ou des oléagineux. On ne pouvait rester à l'écart de cette mobilisation, même si notre démarche est symbolique », indique Jean-Claude Huc, le président régional de la Fédération des exploitants agricoles.

Bien sûr, le Grand Sud n'échappe pas à cette chute de revenus d'autant plus sensible que l'année 2007 s'est révélée très trompeuse dans ses résultats. Profitant d'une flambée des cours, la tonne de blé dur se négociait alors autour de 250 euros, pour s'effondrer à 140 euros en 2008 et même 120 l'an passé. Mais les charges, elles, n'ont pas cessé d'évoluer à la hausse. De plus, autre particularité du Grand Sud, il bénéficie d'un potentiel agricole moindre avec des rendements parmi les plus bas de France. Entre un céréalier de la Beauce et un « petit » du piémont pyrénéen, le fossé ne cesse donc de se creuser.

En somme, c'est comme si le Sud-ouest se voyait infliger une double peine. Crise des céréales, crise du lait… La moitié du chiffre d'affaires de la ferme Tarn est représentée par l'élevage, l'autre par les grandes cultures couvrant pas moins de 330 000 hectares. C'est pourquoi les Tarnais se sont déplacés, même pour un voyage en coup de vent qui survient en pleine saison agricole.

Retour à l'accueil