L’impact de la catastrophe pétrolière créée par BP dans le Golfe du Mexique a une dimension mondiale. C’est la sécurité des approvisionnements émanant des forages pétroliers  que le monde occidental a développes depuis des décennies pour réduire sa dépendance pétrolière par rapport aux producteurs de pétrole « on shore » qui est en cause. Avec elle, c’est tout le modèle de l’approvisionnement énergétique du monde qui est remis en question.

 

Deux semaines avant la crise, le Président des États Unis avait autorisé, à son corps défendant, des forages supplémentaires en Alaska, citant l’amélioration des techniques de forage et la diminution du risque écologique. Il est dans une sainte colère qui explique la manière particulièrement forte qu’il a eue depuis plusieurs semaines, mettant clairement la responsabilité de BP en évidence. Il se sent, comme nous tous, trompés par une industrie dont dépend notre survie. N’est ce pas une répétition des mensonges dont nous ont abreuvés les financiers ?

 

Leur réaction est la même : refus de communiquer les chiffres des pertes, déclarations fanfaronnes sur le fait que « le problème est sous contrôle », manipulation des médias pour faire valoir que la production reprend. Que signifient 3000 barils récupérés par jour lorsqu’on ignore ce qui continue à s’échapper dans le Golfe ? En attendant 22 millions de litre de pétrole brut sont répandus dans le Golfe du Mexique.

 

Le CEO de BP, Tony Hayward, qui a été nommé pour renforcer la sécurité, ne communique pas : il est parait-il tellement « terrorisé » qu’il est devenu incapable de leadership. Il vient d’aggraver son cas en refusant, citant des “secrets commerciaux”, de communiquer les informations requises par l’ “Environment Protection Agency” se mettant en conflit direct avec le Gouvernement américain.

 

Là où Toyota avait délégué son Président pour expliquer la situation des ses rappels au Congrès américain, il a laissé à ses dirigeants américains une tache impossible : convaincre les parlementaires que « BP faisait tout pour résoudre la crise » et tentant de blâmer le constructeur suisse (qui a certainement des torts) plutôt que d’admettre leurs responsabilités. On reconnaît la main de fer des avocats américains derrière cette défense lamentable.

 

Des questions de fonds se posent sur la manière dont la firme qui prétend avoir une stratégie « au-delà du pétrole » gère sa sécurité. Il est maintenant devenu évident que c’est le patron de la plate-forme qui a opté, contre l’avis du constructeur, pour une solution « légère » qui devait, dans l’heure provoquer l’explosion de la plate-forme et tuer 11 travailleurs.  Les Américains  se souviennent également de la catastrophe que BP mit plusieurs jours à gérer au Texas.

 

Mais au-delà de BP, personne n’a trouvé depuis un mois une solution à une rupture de canalisation qui provoqué une gigantesque fuite : cela semble confirmer que l’industrie pétrolière ne dispose pas des moyens nécessaires pour faire face a de telles situations qui, vues d’un point de vue non scientifique, semblent être le risque de base d’une plate-forme pétrolière. On improvise tous les jours. La situation n’a tout simplement pas été anticipée.

 

Quelque part, cette crise est salutaire : le formidable lobby des industries pétrolières chères au Texan de George W. Bush et à sa famille, avait réussi à cacher ses faiblesses. Maintenant, tout comme les banquiers, les pétroliers vont devoir assumer ce qui est une négligence grave. Nous venons d’apprendre qu’en Mer du Nord, 128 déficiences ont été déclarées depuis le début du trimestre. Quatre d’entre elles sont de nature grave.  Il est temps que ceux qui se sont odieusement engraissés sur un marché qui, lui aussi a ses spéculateurs et ses mystificateurs, répondent de leurs actes. Ils engrangent des centaines de milliards de profits tout en mendiant l’aide gouvernementale pour développer des techniques moins polluantes qu’ils devraient développer avec ces bénéfices. BP a gagné 4.5  milliards d’euros au premier trimestre de 2010.

 

Les pétroliers, comme les financiers, ont joue notre sécurité à la roulette. Ils ont perdu. Le roi est nu. Ici aussi les autorités de contrôle ont été déficientes : elles sont responsables pour des subsides indus $ 10 milliards et il a fallu deux semaines pour savoir que le patron de l’agence concernée avait démissionné … le jour de l’explosion.  La colère froide de Barack Obama devrait y mettre bon ordre : elle vient d’avoir raison de son responsable de la sécurité, remercié la semaine dernière.

 

On peut espérer que, cette fois, les gouvernements ne lâcheront pas prise et renforceront leur pression pour une réforme l’industrie pétrolière en vue de la rendre moins menaçante pour notre environnement.Ici aussi le Conseil d’administration a manque a son devoir de surveillance et les actionnaires ont deja perdu 30%.  Est-ce une coïncidence que l’ancien Chairman de BP (jusqu’en 2009), Peter Sutherland, soit le Chairman de Goldman Sachs International à Londres?Il y des choses qui ne s’inventent pas.

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