Les actionnaires de certains grands groupes miniers diversifiés ont particulièrement profité du « supercycle » des matières premières. D’autres moins…

 

L’annonce par la dirigeante d’Anglo American Cynthia Carroll du non paiement d’un dividende, pour la première fois depuis 1917, a quelque peu froissé ses actionnaires. Mais, ceux-ci ont la mémoire courte, ou ne savent pas compter, indique Barry Sergeant de Mineweb. L’analyste s’est penché sur les résultats des quatre grands mineurs diversifiée cotés à Londres – BHP Billiton, Rio Tinto, Anglo American et Xtrata – et a calculé le retour net pour les actionnaires pour la période comprise entre 2002 et 2009.  

 

Pour cela il a ajouté aux dividendes payés les opérations dilutives ou relutives pour la valeur des actions. Pour les premières il a intégré les nouvelles émissions d’actions, dans les secondes, l’opération inverse, qui consiste à racheter ces mêmes actions afin d’augmenter la valeur de celles restant en circulation.

 

Sans surprise, c’est le numéro un mondial du secteur minier, BHP Billiton qui s’est montré le plus généreux avec un gain global pour les actionnaires de 29,789 milliards de dollars en huit ans. Les dividendes versés se montent à 16,451 milliards et les rachats d’action à 13,338 milliards. Avec un gain global pour ses actionnaires de 20,253 milliards de dollars, Anglo American se place juste derrière son rival anglo-australien. Les dividendes en représentent près de la moitié à 9,404 milliards alors que les rachats d’action se montent à 10,849 milliards a calculé Barry Sergeant.

 

La somme des dividendes versés par Rio Tinto, 10,57 milliards et des rachats d’actions, 4,895 milliards dépasse nettement les 15 milliards de dollars. Malheureusement pour l’actionnaire, les 38 milliards de liquidités utilisés par Rio pour mettre la main, en haut de cycle, sur l’aluminier Alcan ont noirci un scénario idyllique. Entrant lourdement endetté dans la crise financière, Rio a du émettre pour 15 milliards de dollars de nouvelles actions, réduisant le gain global de ses actionnaires à 265 millions pour les huit années de la période considérée.

 

Mais le plus maltraité parmi les actionnaires des big four est sans conteste celui de Xstrata. Les dividendes versés n’ont pas dépassé 1,768 milliard alors que les rachats d’action n’ont atteint que 1,651 milliard. Dans le même temps, la croissance du groupe n’a été rendue possible que par l’émission de 15,959 milliards de dollars d’actions. Résultat, une perte nette de 12,54 milliards de dollars pour les actionnaires. En 2002 Xstrata avait 253 millions d’actions en circulation. Sept ans plus tard, ce nombre avait bondi à 2,9 milliards ! Un investisseur qui contrôlait 10% du zougois en 2002 n’en avait plus que 0,87% en 2009.

Anglo American et Xstrata ont des capitalisations boursières similaires aujourd’hui, respectivement 49,24 et 49,0 milliards à mi-février, rappelle l’analyste de Mineweb.   

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