Chine - Les aciéries confrontées à une forte hausse des prix
07 mars 2010PEKIN, 7 mars (Reuters) - Les fortes hausses de prix qu'imposeront sans doute les groupes miniers vont créer de grosses difficultés aux aciéries chinoises, dont beaucoup vont ainsi se retrouver dans le rouge, a dit dimanche le patron du troisième sidérurgiste chinois.
Deng Qilin, directeur général de Wuhan Iron & Steel Group et président de la fédération chinoise du fer et de l'acier (CISA), explique que les aciéries, dont 61% ont dépendu de l'offre étrangère en 2009, n'auront guère d'autre choix que d'accepter les hausses de prix imposées par Rio Tinto (RIO.AX: Cotation), BHP Billiton (BHP.AX: Cotation) et Vale (VALE5.SA: Cotation).
"C'est un marché où les vendeurs ont la haute main; donc les miniers décideront des hausses de prix en définitive mais la Chine doit leur dire qu'ils ne peuvent pas augmenter les prix sans discernement", a-t-il dit à la presse, en marge de la session annuelle du Parlement chinois.
La CISA avait dit à la fin 2009 que les groupes miniers réclameraient sans doute une augmentation des prix de 20% en 2010 mais même les analystes les plus réservés vont jusqu'à anticiper à présent une hausse de 40 à 50% au moins.
"Si nous acceptons les coûts nous pouvons nous entendre mais comme faire si nous faisons des pertes? Si nous ne gagnons rien, comment pourrions-nous l'accepter?", explique Deng Qilin.
Il ajoute que les aciéries ne peuvent en aucun cas réduire leur production et qu'ainsi, leur seule échappatoire serait de répercuter la hausse des matières premières sur leurs propres prix.
Mais pour ce faire, il faut l'autorisation de Pékin et même dans ce cas, une telle décision aurait des conséquences graves en aval et risquerait de mettre en danger la reprise économique, poursuit-il.
"La Chine doit adopter des mesures pour traiter le désordre des importations de minerai de fer et les hausses de prix massives... par les fournisseurs étrangers", argue Deng Qilin, qui prône entre autres une réduction du nombre d'importateurs autorisés en Chine.
Des délégués de l'industrie sidérurgique, qui assistaient au Congrès national du peuple, souhaitent eux que Pékin crée un organisme public qui négocie directement avec les groupes miniers, avec tout le poids de l'Etat, et gère l'ensemble des importations.Les négociations entre la Chine et les groupes miniers sont dans l'impasse; elles ont été rompues l'an dernier, dans un climat tendu.