Genève (awp/ats) - Les prix des matières premières jouent au yo-yo, mais aucun consensus ne s'est dégagé sur les moyens de les stabiliser lors d'une réunion organisée lundi et mardi par la CNUCED à Genève. Les partisans d'une régulation se sont heurtés aux défenseurs du marché.


Lors d'une conférence de presse, le secrétaire général de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) Supachai Panitchpakdi a dénoncé mardi les fortes hausses et baisses de prix des matières premières ces deux dernières années. Il a plaidé pour un "nouveau mécanisme" destiné à éviter des variations trop brutales.


Plus de 90 pays en développement dépendent des matières premières pour plus de la moitié des revenus de leurs exportations, a-t-il souligné. En même temps, la volatilité des prix nuit aux pays importateurs et à la sécurité de leurs approvisionnements.


"Des hausses ou des baisses allant jusqu'à 30% en quelques mois rendent la situation précaire à la fois pour les importateurs et les exportateurs. Il faut rechercher de nouveaux arrangements institutionnels", a déclaré le responsable de la CNUCED.


"La demande pour les matières premières va continuer d'augmenter ces prochaines années en raison des besoins des pays émergents", a averti le Dr Supachai.Il a mis en cause des mouvements spéculatifs amplifiant l'évolution de la demande. "Après le repli enregistré en 2009, nous assistons de nouveau à un afflux de fonds spéculatifs sur le marché" des matières premières, a-t-il fait remarquer. Davantage d'acteurs interviennent, ce qui aboutit à une "financiarisation" de ce marché avec des effets potentiels nuisibles sur le développement des pays pauvres.

Le prix du pétrole, a-t-il rappelé, a passé de 145 dollars le baril en juillet 2008 à moins de 40 dollars six mois plus tard. Depuis, les cours sont remontés à 80 dollars le baril.Mais les avis au sein du Forum organisé pour la première fois par la CNUCED, avec quelque 400 participants de tous les secteurs intéressés, sont restés divergents.

Le directeur général de la Bourse de métaux de Londres (London Metal Exchange, LME) Martin Abbott a ainsi affirmé devant la presse que la volatilité des prix des matières premières a toujours existé et que la spéculation, au lieu de l'accentuer, tend plutôt à la limiter.C'est la demande en Asie, en particulier en Chine l'an dernier, plus forte que prévu, qui a soutenu les cours des matières premières, a-t-il affirmé, alors même que les acteurs financiers se retiraient."Les efforts pour stabiliser les prix artificiellement ont toujours échoué historiquement. Il est très difficile de se mettre d'accord sur un prix à long terme et impossible de déterminer artificiellement un prix fixe", a déclaré le responsable du LME.

Professeure à l'Université de Londres, Makiko Nissanke a fait remarquer que les spéculateurs et investisseurs perdent leur argent s'ils ne se réfèrent pas aux fondamentaux du marché. Ils contribuent à faire fonctionner le marché par leur apport de liquidités.

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