anacarde2Le gouvernement veut mettre fin à la commercialisation frauduleuse des noix de cajou produites en Côte d’Ivoire dans les pays limitrophes. Pour y parvenir, l’Autorité de régulation du coton et l’anacarde (ARECA) a organisé en marge du lancement officiel de la campagne 2012 un atelier de réflexion à Bondoukou le vendredi dernier. Les travaux de restitution de cet atelier ont été l’occasion pour le directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture, M. Coulibaly Siaka, pour dénoncer les méfaits de l’exportation frauduleuse des noix de cajou.

L’hémorragie est grande. Durant la campagne 2011, les prévisions minimales de la production nationale des noix de cajou étaient de l’ordre de 400 000 tonnes. Seulement 280 000 tonnes ont été enregistrées au port d’Abidjan. Pendant que le Ghana dont la production est estimée à 25 000 tonnes a transformé localement 17 000 tonnes et exporté 125 000 tonnes. Face à ce constat, M. Coulibaly Siaka a déclaré :« A côté du café et du cacao, le président Alassane Ouattara attache une importance capitale au coton et à l’anacarde. L’exportation frauduleuse des noix de cajou fait perdre chaque année à la Côte d’Ivoire plus 100 mille tonnes de produits brut pour un chiffre d’affaire estimé à plusieurs milliards de francs. Cela ne nous honore pas. Nous sommes donc tous interpellés ».

Pour le directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture, vendre sa production en contournant la voie légale, c’est faire du mal à son pays. « Vous savez, la construction des écoles, des centres de santé, l’entretien des routes… Tous ces travaux sont réalisés à partir des prélèvements sur notre travail », a-t-il expliqué.

L’atelier de l’ARECA a révélé que l’importante fraude enregistrée l’année dernière est partie essentiellement de la crise post-électorale et les difficultés d’acheminement de la production vers Abidjan. En effet, les producteurs qui ont la possibilité de vendre leurs récoltes à 14 km de Bondoukou au Ghana à un prix bord champ parfois légèrement élevé que celui pratiqué en Côte d’Ivoire, souffrent des difficultés de transport. « On met entre deux et trois jours, si on a la chance d’arriver, entre Bondoukou et Abidjan. La route est fortement dégradée. Les tracasseries routières sont énormes. Tout cela réduit nos marges », n’ont cessé de répéter les producteurs de Bondoukou.

Les participants à l’atelier ont recommandé entre autres, de faire une étude comparative des coûts du bord champ à la mise à l’export au Ghana et en Côte d’Ivoire, de sensibiliser les populations sur les effets néfastes de la fraude. Ils ont également demandé la mise en application effective de tous les textes qui régissent la filière. La fluidité routière a aussi été au centre des préoccupations. A cet effet, il a été recommandé que soit « appliquer rigoureusement les décrets et conventions relatifs à la fluidités routières ».

Le président du conseil d’administration de l’ARECA, M. Bamba Mamadou a pris l’engagement solennel que l’Etat restera plus que jamais aux côtés des producteurs. Pour joindre l’acte à la parole, il a annoncé la création des antennes de l’ARECA dans les zones de production du coton et de l’anacarde.

« Le sort de la filière anacarde intéresse au plus haut point le gouvernement qui fait de la relance de cette filière un point clé de sa politique économique et sociale, notamment en ce qui concerne le secteur agricole », a-t-il dit. M. Bamba Mamadou s’est réjoui également que cet atelier, au-delà de la question de fuite des produits en raison de la porosité des frontières, a permis de mettre en lumière un certain nombre de problèmes liés aux conditions de déroulement de la campagne en cours. « C’est un signal fort donné aux autorités compétentes en vue de la prise en charge des autres préoccupations de la filières » a-t-il souligné.

Pour la campagne lancée samedi, le prix bord est fixé à 310 francs contre 300 francs de la campagne précédente.

 

Source Fraternité Matin

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