Crise politique en Côte d’Ivoire : pas de panne de cacao pour Weiss
28 déc. 2010Alors que la Côte d’Ivoire se déchire entre deux présidents « potentiels », une autre guerre menace : celle du cacao, dont l’exportation représente 40 % de la production mondiale. De quoi, en cette période de fêtes, priver de dessert les consommateurs ? Pas vraiment, si on en croit le chocolatier stéphanois Weiss. Sylvie Martin-Burellier et Florence Moulin, respectivement responsable des achats et de l’approvisionnement et directrice du marketing de Weiss, reconnaissent que « la Côte d’Ivoire étant le marché de base pour les fèves de cacao au niveau mondial, la moindre perturbation entraîne inévitablement des conséquences sur le cours de cacao. L’impact de la crise est pour l’instant minimisé, car les ports sont toujours ouverts. Le cacao peut sortir du pays. Mais, on peut craindre le pire. En cas de guerre civile, tout le système déraillerait, provoquant une explosion du cours ». Un cours qui, avant même la présidentielle ivoirienne, battait des records. « Il a pris 60 % en un an. Cela dit, depuis la crise financière de l’été 2008, toutes les matières premières sont en hausse : cacao, sucre, café, cuivre. Ce sont des valeurs refuges, il y a une spéculation… » Le chocolatier stéphanois reste cependant à l’abri d’un dérapage de la situation politique en Côte d’Ivoire. « Le pays a décidé de remplacer ses plantations de cacao par de l’hévéa afin de fabriquer de l’huile de palme, jugée plus rentable. La qualité de sa production a été impactée : on parle même d’une « pourriture noire » qui a touché le cacao de Côte d’Ivoire ». Cela fait déjà plusieurs mois que Weiss, anticipant cette crise qualitative, s’est tourné vers d’autres producteurs. « La fève de cacao de Côte d’Ivoire représente aujourd’hui notre plus faible volume d’acquisition. » Pour la fève africaine, qui apporte la structure de base et les tanins du chocolat, Weiss s’est tourné vers le Ghana.La prestigieuse maison se fournit également à Madagascar, au Venezuela, en Équateur pour les notes fruitées.
M. P.
source LE PROGRES