La montée des cours du cacao a permis à la douane d`améliorer ses chiffres. Même si les réformes mises en route ont favorisé la collecte. La situation donne du tonus au budget de l`Etat.

 

3cabossesLa santé économique de la Côte d`Ivoire se mesure plus que jamais à l`aune de la valeur marchande du cacao. La fièvre chocolatée qui s`est emparée des marchés internationaux donne du souffle aux recettes de l`Etat. En effet, lorsque les revenus engrangés par la vente du produit-phare sont faibles, c`est l`ensemble du budget de l`Etat qui en souffre. Mais quand ils sont en augmentation, les caisses s`en trouvent plutôt ragaillardies. Or, depuis quelques mois, les cours ont atteint des sommets à Londres et à New York : 1, 5 million Fcfa la tonne. «Nous ressentons la bonne tenue des cours à l`international même si elle nous semble conjoncturelle», reconnaît le ministre de l`Economie et des Finances qui n`ose pas s`aventurer dans les chiffres. Sans doute par prudence. Mais, l`on observe que cette montée considérable des prix internationaux du cacao impacte positivement les recettes de porte qui enregistrent un net frémissement. Selon le responsable des statistiques à la direction générale des douanes, Vincent De Paul Kangou, au premier trimestre 2010, les recettes douanières ont plafonné à 462,5 milliards de Fcfa, en hausse de 17 milliards Fcfa. Le surplus au titre de l`exportation du cacao oscille entre 10 et 12 milliards Fcfa. «Une performance au regard de l`objectif initial de 445,2 milliards Fcfa», commente son directeur général, Alphonse Mangly, qui table sur une prévision globale de 956 milliards de Fcfa au terme de l`exercice en cours. Sous le feu des critiques aussi bien des institutions financières multilatérales que du gouvernement, l`administration des douanes bénéficie ainsi d`une conjoncture favorable liée à la bonne santé du cacao même si le colonel Mangly voudrait davantage imputer les performances aux réformes qu`il a engagées. A savoir, le management axé sur la fixation des objectifs de recettes et l`évaluation mensuelle des directions opérationnelles, la création d`une cellule de recouvrement, le renforcement de la coopération avec le secteur bancaire par l`octroi de crédits relais en cas de tension de trésorerie ainsi que l`ouverture de comptes par certains opérateurs économiques à la banque du Trésor. Selon le colonel Lucien Kaké conseiller du directeur général, cette dernière opération a permis de disposer immédiatement de ressources liquides afin de résorber le déséquilibre budgétaire. Cette embellie va-t-elle obliger le gouvernement à prendre une loi de finances rectificative pour mettre à jour l`ensemble des prévisions énoncées dans la loi de finances initiale ? «On n`en est pas là», coupe court un conseiller du ministre Charles Diby Koffi qui réitère le caractère imprévisible du marché. «L`embellie est le résultat conjugué du raffermissement des cours du cacao sur le marché international, de l`augmentation de la demande mondiale et du fléchissement des termes du dollar.

 

Des ajustements

On ne peut pas bâtir une hypothèse solide à partir d`une situation aussi volatile », ajoute-t-il. Pourtant, il s`agit, d`une part, de prendre en compte le poids des recettes supplémentaires et, d`autre part, d`ajuster les hypothèses économiques aux nouvelles exigences liées, par exemple, à la sortie de crise. «C`est possible, on peut réviser le395f545e-59ed-11df-9b67-8f86e8c608f5 budget quand il y a des changements. Il est vrai que cela est plus facile quand il est à la baisse parce qu`on procède tout simplement au gel de certains investissements», analyse Jérôme M`Bra, économiste au Centre d`études prospectives d`Abidjan, soulignant la nécessité d`accroître la production pour tirer le meilleur parti de la bonne santé du cacao au niveau mondial. Une mission à laquelle s`attelle le Comité de gestion de la filière café-cacao qui s`investit à ressusciter toutes les plantations sinistrées avec de nouveaux produits végétaux et performants mis à la disposition des producteurs. « Aujourd`hui, il est question de booster la tendance pour que la Côte d`Ivoire consolide sa position d`honneur en vue de soutenir plus durablement le budget», observe le président Ano N`guessan. Pour le comité, si tous les planteurs dans les principales zones s`engagent dans la culture, la production nationale devrait atteindre son niveau de 1,3 million de tonnes. Mais de l`avis des producteurs du cacao, les ambitions du comité de gestion, pour relancer la filière de façon concrète, devraient aller au-delà de l`octroi du simple matériel végétal et agricole. «Les planteurs évoquent aussi les méthodes culturales caduques, le manque de moyens d`évacuation des produits, la précarité dans laquelle vivent les paysans, et la recrudescence de la pourriture brune qui justifie l`abandon de certaines plantations », fait remarquer Bernard Wahon, président de la Coopérative des planteurs unis de Toulépleu (Cput). A côté de tous ces problèmes qui devraient pouvoir trouver des solutions, M. Wahon pense aussi que la mise sur pied d`unités de transformation sera la bienvenue, afin de donner de la valeur ajoutée au cacao ivoirien, dont la majeure partie est encore exportée sous forme de fèves. Notons que la culture du cacao représente en moyenne un peu moins de 30% des recettes totales à l`exportation du pays, et aux alentours de 15% de son Produit intérieur brut. Elle rapporte 300 milliards au budget national qui culmine à 2.900 milliards Fcfa.

 

Lanciné Bakayoko
Sourece NORD SUD

Retour à l'accueil