"Si l'on se replace en Chine en 2008, les prix y étaient très fortement protégés des effets de la hausse considérable des prix de l'énergie enregistrée sur le marché international. Les prix des produits pétroliers étaient fixés à des niveaux qui ne tenaient guère compte de la rentabilité des raffineries, ce qui limitait les importations de brut. Les importations de charbon étaient faibles, la production minière domestique état suffisante pour couvrir à la quasi totalité des besoins du pays. Enfin, le gaz était pratiquement inexistant, représentant moins de 3,6% de la consommation d'énergie totale, son prix étant fixé à un niveau très bas en tout état de cause."

 

"Aujourd'hui, le tableau est totalement différent. Avec l'introduction d'un nouveau système de fixation du prix des produits pétroliers, qui prend délibérément en compte les marges de raffinage, les importations de brut sont passées d'un niveau moyen de 3,5 Mb/j en 2007/ 2008 à 4,8 Mb/j en 2010 (en moyenne depuis le début de l'année). Les raffineurs chinois produisent des produits pétroliers et les importations de gazole et d'autres produits ont fortement chuté. Depuis 2007/2008 , les importations chinoises de charbon ont rapidement augmenté, passant d'environ 4 Mt/mois à 14 Mt/mois (en moyenne depuis le début de l'année)."

 

"Le gaz naturel devient également une composante de plus en plus importante du système énergétique chinois, la consommation apparente passant d'environ 6,5 milliards de m3/mois en 2007/2008  à près de 9 milliards de m3 en 2010 (en moyenne depuis le début de l'année). Compte tenu de la dépendance accrue de la Chine vis-à-vis du marché international de l'énergie, une forte réduction de l'indice des prix à la consommation suppose de contrôler les prix des produits énergétiques."

 

"De nombreux commentateurs considèrent que le meilleur moyen d'y parvenir pour la Chine serait de réévaluer sa monnaie. Un tel choix semble improbable, compte tenu de l'orientation actuelle de la politique économique chinoise, il sera donc important d'analyser quelles mesures la Chine, et les autres pays en développement, mettront en oeuvre pour maîtriser les prix."

 

"Historiquement, les pays en développement ont cherché à stabiliser les prix autant par des mesures administratives de contrôle des prix que par le durcissement de la politique monétaire. Nous pensons donc que les autorités chinoises, au-delà des modestes relèvements des taux d'intérêt, devraient adopter un ensemble de mesures visant à contrôler directement les prix. S'agissant des produits pétroliers, si le NDRC ajuste actuellement les prix de ces produits en fonction de l'évolution des cours du brut, il lui serait tout à fait possible de limiter l'ajustement à la hausse des prix des produits pétroliers, ou de les baisser de manière plus agressive. Une telle politique réduirait progressivement la demande de brut des raffineurs, à mesure que leur rentabilité se réduirait."

 

"Pour le gaz, les prix sont toujours fixés par les autorités nationales et devraient donc rester fermement contrôlés, malgré les mesures de libéralisation marginales. Le charbon, d'où la Chine produit l'essentiel de son électricité, a connu au cours des dernières semaines une forte augmentation de prix, passés de 110,7 dollars/t début août à 127,32/t à la mi-novembre. En raison de cette hausse des cours, qui s'accompagne d'une pénurie de charbon dans certaines régions, particulièrement dans le nord du pays, un nombre croissant de centrales thermiques fonctionne à perte. Il est inquiétant que cela se produise au moment même où l'hiver s'installe dans l'hémisphère Nord, aussi le NDRC a-t-il enjoint les entreprises publiques qui produisent du charbon de stabiliser les prix, et a interdit aux autorités locales de restreindre la fourniture de charbon à d'autres provinces."

 

"Si la Chine prenait ses distances avec les mécanismes de marché qu'elle a mis en place pour encourager la production d'énergie, la rentabilité de nombreuses entreprises du secteur en serait fortement affectée, ce qui pourrait se répercuter sur le niveau de production. Le contrôle des prix va de pair avec le rationnement, et la mise en place de tels contrôles pourrait conduire à une situation où les consommateurs devraient encore faire face à une pénurie d'énergie. Jusqu'en 2008, de telles situations avaient généralement pour conséquence le recours aux générateurs diesel, de sorte que les importations chez de fioul avaient atteint en juillet 2008 le record historique de 0,97 millions de tonnes."

 

"Aujourd'hui, dans un tel scénario, il est fort probable que la demande de fioul progresserait à nouveau au détriment des autres produits énergétiques. Un ralentissement, voire une baisse des importations chinoises de produits énergétiques aurait un fort impact sur les marchés mondiaux de l'énergie, voire sur l'économie mondiale. La Chine représente 47% de la consommation mondiale de charbon. Sur le marché du pétrole, l'augmentation de la demande chinoise depuis 2008 représente 180% de l'augmentation globale de la demande. Sur le marché du gaz naturel, la Chine est le principal acteur marginal, en raison des efforts qu'elle a entrepris pour porter la part du gaz naturel de moins de 4% actuellement à plus de 10% à l'horizon 2020."

"La hausse continue de l'indice chinois des prix à la consommation doit donc être considérée comme une menace majeure pour le redressement en cours de la demande mondiale d'énergie, et risque d'affecter non seulement la demande globale d'énergie mais les performances relatives des différents produits énergétiques."

 

Source BOURSORAMA.COM

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