Forte demande de la Chine, reprise économique dans les pays développés, baisse de la production des minerais, spéculations... tous les ingrédients sont là pour une nouvelle flambée des prix des matières premières.

Jeudi 22 avril, des salariés de l'acier, mais aussi de l'aluminium, du zinc et du cuivre venus de toute l'Europe se sont retrouvés à Bruxelles pour protester contre les hausses de prix des matières premières.

Les manifestants ont exprimé leurs craintes d'un "jeu de Monopoly des matières premières sur le dos des emplois", selon un responsable du puissant syndicat allemand IG Metall Oliver Burkhard, et réclamé l'implication des gouvernements pour "garantir des conditions de concurrence équitables".
Les sidérurgistes sont actuellement en pleine négociation avec les producteurs de minerai de fer, un composant essentiel de l'acier, sur leur approvisionnement des mois à venir.

Le marché du minerai de fer est dominé par trois grands acteurs - le brésilien Vale et les australiens BHP Billiton et Rio Tinto - qui veulent, selon les dires de leurs clients, imposer des hausses de prix astronomiques, pouvant aller jusqu'à 130%.

Jeudi, le numéro un allemand de la sidérurgie, ThyssenKrupp, a indiqué qu'il avait dû consentir à des hausses de prix du minerai de fer pouvant aller jusqu'à 100% selon la qualité. Des hausses qui se répercuteront sans doute prochainement sur les chantiers.
En outre, au lieu de contrats annuels qui étaient l'usage dans le secteur et offraient une certaine garantie contre les fluctuations de prix, les fournisseurs de ThyssenKrupp sont passés à des contrats trimestriels.
Les industriels qui soutiennent les manifestations organisées par les syndicats accusent aussi la spéculation sur les marchés des matières premières, notamment par le biais de produits dérivés, de faire grimper les prix.

Dans un entretien à paraître vendredi, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble se dit favorable à "des règles strictes pour le commerce des matières premières par les banques", et annonce que le sujet sera abordé lors d'une conférence sur la régulation des marchés financiers qu'il présidera fin mai à Berlin.
En France, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde a demandé de son côté à Bruxelles de rédiger une directive pour "encadrer les multiples produits dérivés qui circulent dans les marchés des matières premières". Elle suggère la création d'un organe régulateur conçu sur le modèle de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) américaine.

Parmi les autres facteurs qui font craindre une flambée des prix, on retrouve encore la Chine qui, avec un rythme annuel de croissance frôlant les 12 %, importe des quantités phénoménales de matières premières (un tiers de la consommation mondiale des métaux de base par exemple).

Retour à l'accueil