L'acier, indicateur avancé de l'inflation
17 mars 2010
Des chiffres a priori fort rassurants
Les derniers chiffres de World Steel Association (Association internationale de l'acier)
montrent que, en janvier, la production d'acier dans les 66 principaux pays producteurs s'est élevée à 108,9 millions de tonnes (Mt) soit 25,5% de plus qu'en janvier 2009.
Sur la même période, le taux d'utilisation des capacités est passé de 71,9% en décembre à 72,9% en janvier, soit une progression de 11,6% l'an.
Faut-il s'en réjouir ?
Il convient de rester prudent quant à l'évolution du secteur dans les mois à venir.
Après une année 2009 marquée par une production mondiale en recul de 8,1% par rapport à 2008, l'embellie de janvier semble résulter d'un effet de rattrapage.
Il faut dire que, en 2009, l'envol de la production chinoise (+13,5%) – qui assure désormais 47% de l'offre mondiale – n'a pas suffi à compenser la chute observée dans le reste du monde (–21,1%).
La demande va-t-elle suivre ?
Certes, la production d'acier est repartie, mais, selon différentes sources, le retour de la
consommation reste encore bien fragile au niveau mondial (en dehors de la Chine).
"Il est difficile de savoir si le rythme sera linéaire ou en dents de scie", souligne Hervé Bourrier, directeur général d'ArcelorMittal France, cité par L'Usine nouvelle.
Les stocks devraient rester importants pendant plusieurs mois
En outre, le niveau des stocks demeure élevé, en particulier dans l'empire
du Milieu, premier producteur (565 Mt, soit presque un an) et premier exportateur d'acier du monde.
Le Qihuo Ri Bao, quotidien chinois spécialisé dans les contrats à terme, explique : "Les stocks de fin décembre représentaient 13 Mt, soit 109% de plus qu'en décembre 2008, alors que les usines continuaient à produire [...]." Et d'ajouter : "Tant que les stocks resteront importants, les prix de l'acier devraient continuer à baisser."
Stockage : surcapacité et effet d'aubaine
Rappelons toutefois qu'en Chine le niveau élevé des stocks n'est pas seulement dû à une
surcapacité de production. Beaucoup de négociants stockent le plus possible de produits, afin de les revendre plus cher quand le marché redeviendra porteur.
De leur côté, nombre d'aciéristes chinois estiment que la consommation pourrait repartir sur le marché domestique. Ce qui, à moyen terme, devrait permettre de résorber les stocks et de pousser les cours à la hausse.
Le fer et le pétrole doperont les prix
A MoneyWeek, nous pensons qu'une hausse des prix de l'acier pourrait se confirmer au
second semestre 2010.
D'abord, en dépit des récents resserrements du crédit, la politique monétaire chinoise reste toujours accommodante : les banques pourront encore prêter jusqu'à 2 400 Mds de yuans (258 Mds euros) au premier trimestre, soit 50% de plus que lors des trois premiers mois de 2008.
Selon le ministère chinois du Chemin de fer, 321,8 Mds de yuans (34,6 Mds euros) seront investis dans les travaux d'infrastructures. Et, d'ici à 2012, plus de 700 Mds de yuans seront injectés chaque année dans la construction de voies ferrées, d'où la perspective d'une demande constante d'acier sur le marché chinois pendant au moins trois ans.
De l'inflation en germe...
Ensuite, il est quasiment certain que, après les négociations entre aciéristes (chinois, japonais, coréens...)
et groupes miniers (anglo-australiens, brésiliens), le prix du minerai de fer – matière de base de l'acier – devrait augmenter à compter d'avril.
En novembre dernier, nous prévoyions une hausse de 10 à 20% du prix du minerai de fer ; aux dernières nouvelles, elle pourrait aller jusqu'à 30, voire 40%.
Cela ne manquera pas de renchérir les prix de l'acier et, par ricochet, ceux de tous les produits qui contiennent de l'acier, de la voiture à l'appareil électroménager, en passant par les matériaux de construction...
Enfin, la probable montée du cours du brut contribuera à tirer les prix de l'acier vers le haut dans les mois à venir.