L'Afghanistan assis sur un trésor de minerais
14 juin 2010D'après Washington, le sous-sol du pays recèle d'importantes réserves de métaux précieux, qui pourraient le propulser parmi les premiers exportateurs mondiaux.
De l'or, du cuivre, du lithium … Des géologues américains ont découvert dans le sous-sol afghan de gigantesques réserves de minerais, dont ils ont évalué la valeur à mille milliards de dollars, a rapporté lundi le New york Time
La découverte a été faite par une petite équipe de géologues et responsables du Pentagone. Selon le quotidien américain, ils se sont appuyés sur des cartes et des données collectées par les experts miniers russes durant l'occupation soviétique des années 1980. Après le retrait de l'URSS, les géologues afghans avaient caché ces documents pour ne les ressortir qu'après la chute des talibans en 2001.
A en croire des responsables de l'administration américaine cités par le journal, ces gisements, répartis dans tout le pays, seraient suffisants pour en faire un des premiers exportateurs mondiaux de minerais. Par exemple, ses seules réserves de lithium - un composant très recherché, utilisé pour les batteries des téléphones et des ordinateurs portables - placeraient l'Afghanistan au niveau de la Bolivie, pour l'instant détenteur des premières réserves mondiales. Une note interne du Pentagone évoque même une «Arabie saoudite du lithium». Kaboul pourrait également devenir un des leaders mondiaux de la production de fer et de cuivre. Parmi les autres découvertes, d'importants gisements de niobium - un métal utilisé pour produire de l'acier supraconducteur -, d'or et de cobalt.
«Cela deviendra l'ossature de l'économie afghane», a estimé Jalil Jumriany, conseiller du ministère afghan des Mines. «Il y a là-bas un potentiel stupéfiant», s'est exclamé pour sa part le général américain David Petraeus, chef d'état-major général, précisant toutefois qu'«il y a bien sûr beaucoup de ‘si'». Le premier d'entre eux est la capacité à exploiter ces richesses. Ravagé par la guerre, l'Afghanistan ne dispose pour le moment pas des infrastructures minières et industrielles nécessaires. Selon les responsables américains, il faudra des décennies pour qu'elles se mettent pleinement en place.
Deuxième hypothèque qui pèse sur ce potentiel minier : les convoitises qu'il suscite. A l'intérieur des frontières afghanes d'une part, où les résistances des groupes rebelles du sud et de l'est pourraient bien être exacerbées par la perspective d'exploitation de tels filons. Celle, d'autre part, des puissances régionales - la Chine et l'Inde, voire la Russie - qui pourraient bien s'impliquer davantage dans la géopolitique déjà complexe de l'Afghanistan. Deux entreprises chinoises se sont déjà engagées à investir quatre milliards de dollars dans la mine de cuivre d'Aynak, au sud de Kaboul, soit le plus important investissement étranger civil à ce jour dans le pays.
Enfin, dans un pays déjà ravagé par la corruption, la découverte d‘un tel magot sonne comme un défi. L'Afghanistan devra faire de gros progrès en matière de gouvernance pour ne pas être victime, comme tant d'autres avant lui, de la «malédiction des matières premières» et pour que celles-ci soient réellement facteur de développement. Le président Hamid Karzaï, qui a été récemment informé de ces découvertes par un responsable américain, a donc du pain sur la planche.