L'économie africaine tirée par le commerce mondial
25 mai 2010La Banque africaine de développement table sur une croissance de 4,5 % en 2010 et de 5,2 % en 2011. Ce qui reste insuffisant pour tenir les objectifs de réduction de la pauvreté.
L'Afrique reste encore très dépendante de l'économie mondiale et du prix des matières premières. Comme l'indique la Banque africaine de développement dans un rapport présenté lundi sur les perspectives économiques du continent pour 2010 et 2011: «La croissance a été laminée, passant d'un taux moyen d'environ 6 % en 2006-2008 à 2,5 % en 2009 avec un PIB par habitant pratiquement au point mort.»
Le ralentissement a frappé de plein fouet les mines, l'industrie manufacturière et le tourisme, trois secteurs très sensibles aux soubresauts internationaux. Ceci ayant entraîné une baisse des exportations (2,5 % en 2009, 30 % en valeur), l'effondrement du prix des matières premières, moins de revenus issus des travailleurs expatriés et une diminution d'un tiers des investissements directs étrangers. «En même temps, l'Afrique a été plus résistante, notamment grâce à des fondamentaux macroéconomiques beaucoup plus solides, que lors des précédentes crises dans les années 1990, relève Alberto Amurgo Pacheco, économiste à l'OCDE. L'inflation est bien mieux maîtrisée, les réserves monétaires et les balances courantes plus positives.» Certains pays, comme l'Afrique du Sud et l'Égypte, ont ainsi pu mener des politiques de relance budgétaire et monétaire pour résister à la crise. À noter aussi le rôle positif de l'aide publique au développement qui n'a pas diminué, et le service de la dette qui s'est amélioré grâce aux allégements consentis par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, qui ont en outre octroyé plusieurs prêts.
La banque s'inquiète en revanche des retombées de la crise sur les niveaux de pauvreté, qui compromettent l'objectif du millénaire du développement (OMD) fixé par les Nations unies de réduire la pauvreté de moitié d'ici à 2015. La BAD chiffre «à environ 50 milliards de dollars supplémentaires par an le besoin de financement pour parvenir aux taux de croissance du PIB nécessaires à la réalisation».
Tablant sur une reprise confirmée de l'économie mondiale, portée par le moteur chinois, et un maintien du prix des matières premières à des niveaux satisfaisants, la BAD prévoit 4,5 % de croissance en 2010 et 5,2 % en 2011. Pays le plus touché en 2009, l'Afrique du Sud devrait se reprendre progressivement portée par l'effet Coupe du monde de football.
Parmi les plus dynamiques, figurent des économies agricoles comme l'Éthiopie (9,7 % de croissance en 2010) et l'Ouganda (7,4 %) ou des richesses minières et pétrolières, notamment l'Angola (7,4 %) et la République démocratique du Congo. Restera à la traîne Madagascar, qui ne parvient pas à sortir de ses problèmes politiques.
Pour assurer son développement, l'Afrique doit mobiliser davantage ses propres ressources, diversifier ses marchés d'exportation et développer le commerce intrarégional. «Elle doit notamment exploiter son potentiel fiscal», ajoute l'expert de l'OCDE, qui compare les recettes fiscales du continent, environ 450 dollars par habitant aux 41 dollars que représente le montant de l'aide.
Encore faut-il pour cela lever plusieurs freins structurels récurrents, comme les problèmes de corruption et de gouvernance mais aussi la santé, l'éducation, l'énergie et plus globalement les inégalités.
Source LE FIGARO