Fer, pétrole, métaux ferreux et non ferreux : leurs acheteurs sont insatiables, observent les auteurs du rapport Cyclope (1). C'est l'année du tigre. La Chine impose désormais sa griffe au reste du monde. Patients, méthodiques, insatiables, ils ont faim de tout. Et du carburant, il en faut pour faire tourner le moteur des exportations. Pétrole, charbon, métaux ferreux - ils achètent 60 % de la production mondiale - et non ferreux...

 

chine.jpg« La Chine est devenue le premier importateur mondial de matières premières », observe Jean-Paul Simier. Économiste, il a travaillé avec une cinquantaine d'experts à la réalisation de Cyclope. Dirigé par Philippe Chalmin, ce guide permet chaque année de plonger dans les arcanes de l'économie mondiale. Mais se garde bien de faire des prévisions. « L'orage a tonné en 2008, la pluie est tombée en 2009, mais le beau temps n'est pas assuré en 2010 », notent les auteurs.

 

Avec 1,3 milliard d'habitants, la Chine pèse aussi de tout son poids sur les secteurs agricoles : caoutchouc, soja... Elle importe près de la moitié des graines de soja consommées dans le monde. Même le marché des terres cultivables fait désormais partie du pré carré des Chinois. En Afrique, des contrats de location de longue durée sont passés avec des gouvernements afin de garantir demain leurs approvisionnements alimentaires.

 

Le monde penche à l'Est et quand les prix s'envolent, c'est aussi de ce côté qu'il faut regarder. « La ville de Shanghaï est devenue la première Bourse mondiale pour les marchés dérivés », poursuit Jean-Paul Simier. Avec un risque, celui de voir la financiarisation gagner à son tour le monde agricole. Le choc de deux cultures. « L'agriculture, c'est du temps long, à l'inverse des marchés financiers qui tournent aujourd'hui quasiment à la seconde. »

 

L'atout agricole européen

Dans ce monde « incertain », les économies européennes auraient tort de négliger leur agriculture, analyse Jean-Paul Simier. « La sécurisation des approvisionnements alimentaires est l'un des enjeux du XXIe siècle. Les Européens disposent d'un avantage comparatif dans le domaine agricole et agroalimentaire. Prenez la Bretagne, sa maîtrise technologique dans les domaines de la génétique ou de la sécurité sanitaire intéresse les Chinois. On aurait tort de s'en désintéresser. »

 

Seule certitude, ce qui est vécu à Paris ou Berlin comme une menace est observé différemment à Pékin. Il y a 150 ans, les troupes françaises et anglaises pillaient et incendiaient le Palais d'été. Reconstruit pour l'exposition universelle de Shanghaï, il témoigne de la renaissance de l'économie chinoise. Pour s'imposer comme la deuxième économie mondiale dès 2010.

 

Patrice MOYON
Source OUEST FRANCE

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