Pour inonder sa demande intérieure et ses clients extérieurs, la Chine siphonne les matières premières. Ce qui se traduit par une flambée des prix, spectaculaire pour le minerai de fer.

La catastrophe a été évitée. C’était la semaine dernière, et on ne l’a appris qu’après le succès de l’opération de sauvetage. Plus de 150 ouvriers étaient piégés par une inondation, dans une mine de charbon de Wangjialing, dans le nord de la Chine. Selon les autorités, la plupart ont été ramenés vivants à la surface. « Un miracle », dixit le gouverneur de la province du Shangxi, stupéfait de constater la résistance et la force vitale de ces mineurs qui ont survécu « huit jours et huit nuits ».

L’actualité économique illustre un autre miracle chinois. Après la douche froide de 2009, l’économie du pays fait plus que sortir du trou. Elle rebondit comme un athlète sur un trampoline. Au premier trimestre, la croissance chinoise est sur un rythme annuel de près de 12%! Un chiffre qui explique en bonne partie la croissance de 4% attendue en 2010 pour l’ensemble de la planète. Ce taux de croissance moyen cache en effet d’inquiétants écarts, porteurs de déséquilibres. Selon le FMI, le PIB chinois progresserait ainsi de 10% en 2010, et celui des Etats-Unis tout de même de 3% la zone euro, elle, resterait « collée » à seulement 0,8%(1,5% pour la France).

Revenons à la mine et à la Chine,
ces deux acteurs majeurs de l'économie mondiale. Pour inonder sa demande intérieure et ses clients extérieurs, le pays du Milieu siphonne les matières premières. Cet appétit se traduit depuis quelques semaines par une nouvelle flambée des prix. C’est vrai pour à peu près toutes les matières premières. C’est spectaculaire pour le minerai de fer. Au terme d’une négociation entre les géants de lamine (l’anglo-australien BHP Billiton et le brésilien Vale) et leurs grands clients, le prix du fer devrait grimper de…90%. Plus grave: les deux parties ont abandonné le bon vieux système de fixation annuelle, désormais remplacé par une négociation trimestrielle, calée sur le prix «spot», c’est-à-dire celui du marché au jour le jour. Ce changement de formule, peu favorable à l’économie réelle, n’a pu s’imposer qu’avec l’accord des acheteurs asiatiques, en particulier chinois. A court terme, et à moins d’un coup de théâtre, l’augmentation de 90% devrait conduire à un renchérissement de l’acier d’au moins 25% et à une volatilité accrue.

Déjà, les industriels européens, dans la construction et l’automobile notamment,
s’inquiètent. Cette nouvelle donne menace sérieusement leur compétitivité. Pourquoi? A priori, tous sont logés à la même enseigne. Prenons l’automobile. Entre PSA, Ford, Toyota, TataMotors ou Geely (le nouveau propriétaire chinois de Volvo), ce n’est pas le prix de l’acier qui fera la différence puisqu’ils l’achètent tous au même prix. Alors, où est le problème ? En fait, les industriels européens et leurs sous-traitants ne sont pas sûrs de pouvoir répercuter sur leurs propres tarifs la flambée de l’acier.

Dopé par ce qui reste de la prime à la casse, et par une politique de « promo » digne du souk de Marrakech, le marché auto réussit à s’en sortir depuis le début de l’année. Mais une hausse brutale du prix des voitures refroidirait les consommateurs européens. Leur pouvoir d’achat n’est pas indexé, loin s’en faut, sur le prix du fer.

Retour à l'accueil