La ferraille à prix d'or fait le bonheur des recycleurs
14 août 2010La reprise industrielle se traduit par de nouvelles hausses des prix des métaux.
Les recycleurs ont le moral. Les filières de collectes sont de mieux en mieux organisées - portées par les préoccupations environnementales - et les prix des métaux sont à nouveau orientés à la hausse. La ferraille de fer (utilisée pour la production d'acier) a gagné 50 % en un an, portée à la fois par les tensions sur les prix du minerai de fer et la reprise de la production des sidérurgistes. Hier matin, la tonne de minerai de fer a même franchi le seuil des 400 dollars en Asie, faisant planer le risque d'un nouveau coup de chaud en Europe, alors que les tensions sur les prix du minerai de fer restent vives.
Les performances du groupe Derichebourg, qui a publié vendredi ses résultats pour le premier semestre, reflètent parfaitement cette tendance. La collecte de métaux ferreux a crû de 10,8 % en un an et celle de métaux non ferreux, de 29,4 %. Ajouté à la hausse des prix des matières, cela se traduit par une progression de 43,3 % du chiffre d'affaires pour les ferrailles et de 76,9 % pour les non-ferreux (cuivre, nickel, zinc, plomb). Certes, les cours de ces métaux ne sont pas revenus à leurs plus hauts de 2006-2007, mais à 7 250 dollars la tonne, par exemple, le cuivre n'en est pas loin.
Pour le belge Umicore, dont le résultat a doublé au premier semestre pour un chiffre d'affaires en progression de 30 %, la hausse des matières premières se traduit aussi «par un afflux de matériaux à recycler. Nos clients industriels prennent conscience de la valeur de leurs déchets», explique un porte-parole du groupe. Umicore recycle des métaux non ferreux (zinc, cobalt) et des métaux précieux (or, argent, platine, paladium…). Ces derniers, dont les cours continuent de grimper, foisonnent dans les appareils électroniques. «Un conteneur de 50.000 téléphones portables usagés, c'est un kilo d'or et dix d'argent », explique le porte-parole d'Umicore. Or, l'once d'or vaut actuellement 1215 dollars, soit environ 33.500 euros le kilo. Avec le prix de l'argent, un conteneur de vieux téléphones ne vaut pas loin de 40.000 euros. De quoi regarder d'un autre œil son portable démodé.
En revanche, «les prix des matières premières issues du recyclage demeurent volatils», note Derichebourg. Pour Antoine Frérot, le patron de Veolia, l'évolution trop «incertaine» des prix des matières recyclées est une des principales raisons pour lesquelles le groupe n'a pas revu à la hausse, la semaine dernière, ses perspectives de résultat pour 2010. Les clients des recycleurs sont aussi pénalisés. Les sidérurgistes, comme ArcelorMittal, ont été contraints de revoir à la baisse leurs stocks de ferraille pour coller au plus près à la réalité du marché. En juin dernier, «le cours de la ferraille a varié de 100 euros en un mois. Il est passé de 250 à 350 euros. Il faut être très vigilant, cet écart correspond à notre coût de production d'une tonne d'acier», a expliqué un responsable de l'usine de Belval (Luxembourg).