Après un an d'euphorie tirée par la croissance chinoise, les cours des matières premières commencent à s'infléchir, explique Philippe Chalmin, professeur d'histoire économique à Paris-Dauphine et coordinateur du rapport Cyclope, la "bible" de ces marchés.

 

Commente expliquer la flambée des prix des matières premières en 2009 ?

Essentiellement par le poids majeur pris par la Chine dans la demande monde de produits de base. Ce sont ses besoins colossaux qui expliquent l'envolée des prix mondiaux de 30% à 200% selon les matières premières et de 50% en moyenne. La Chine est aujourd'hui le premier importateur mondial de tous les métaux non ferreux, de laine, de caoutchouc, de soja, le deuxième de pétrole, de charbon... Si l'un des rares produits à afficher au printemps 2010 un prix supérieur à celui d'avant la bulle des matières premières de l'été 2008 est le caoutchouc, c'est à cause des gros besoins en pneus de voiture, tiré par le boom des ventes en Chine. Même effet pour le plomb, qui rentre dans la composition des batteries. Le pays a sur son territoire les plus importants marchés de la planète en termes de volumes traités, qui dament le pion à ceux de New York ou Chicago. Le prix de référence pour plusieurs matières, comme le minerai de fer, est à présent celui du marché chinois.

 

Comme la croissance de la Chine ne semble pas faiblir, faut-il s'attendre à une poursuite de la hausse des prix des matières premières ? 

C'est vrai, l'expansion chinoise paraît robuste. Mais il est probable que l'essentiel de l'augmentation des cours est derrière nous, et que le mois d'avril marque même un début d'inflexion, après un an d'euphorie. D'abord, parce que l'industrie continue de tourner au ralenti aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. Même si la reprise est une réalité aux Etats-Unis, les cadences restent ralenties. En outre, après avoir beaucoup accumulé de stocks en 2009, les chinois semblent se calmer un peu. Du coup, le rapport entre l'offre et la demande devrait se rééquilibrer, même sur les marchés les plus tendus. La crise en Europe, enfin, incite à revoir à la baisse les perspectives de croissance, rigueur oblige. Ce qui pèse sur certains cours comme ceux du pétrole.

 

Source : L'Expansion.com

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