Café, huile, pâtes... comme en 2008, le prix de produits alimentaires de base va repartir à la hausse prochainement, en raison d'une nouvelle flambée des matières premières agricoles.Cette hausse touchera au portefeuille les Français, qui consacrent 13,6% de leur budget à l'alimentation, selon des chiffres 2009 de l'Insee."Cela ressemble à une répétition du scénario de 2007-2008, les flambées des céréales et notamment du blé, sont du même ordre de grandeur", relève Charles Pernin, spécialiste de l'alimentation à l'association de consommateurs CLCV.

 

Dans les rayons, ces hausses "devraient se sentir dans les semaines qui viennent", et "les produits les plus basiques", augmenteront davantage que les produits élaborés, qui comportent moins de matière première.Les incendies et la sécheresse en Russie, qui a arrêté ses exportations de céréales, ou encore les inondations en Australie, ont réduit l'offre, tandis que la demande augmente avec des populations asiatiques qui imitent de plus en plus les habitudes alimentaires occidentales, explique Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à UFC-Que Choisir. "Il suffit de quelques pourcentages de production en plus ou en moins pour déséquilibrer le marché mondial".

 

De plus, ces matières premières font l'objet de spéculation sur leur prix futur.D'où une flambée du blé, qui rentre dans la composition du pain, des pâtes et des biscuits, mais aussi un bond des prix du maïs et de l'orge, utilisés pour nourrir le bétail, ce qui renchérit les coûts de production des éleveurs et par ricochet la viande.En février, les prix alimentaires mondiaux ont atteint un nouveau record historique, pour le huitième mois d'affilée, selon l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

 

La crise libyenne, qui fait grimper le pétrole, aggrave la situation, car des matières premières comme le maïs et le sucre entrent dans la composition de biocarburants.

 

En France, la remontée des prix jusqu'au consommateur se fait en plusieurs temps. Cette semaine a marqué la fin des négociations entre les sept groupes de grande distribution et leurs fournisseurs pour fixer les tarifs annuels des produits de grande consommation (y compris entretien, hygiène, beauté...).Reste encore aux distributeurs à compiler les milliers de contrats signés, puis à déterminer leur politique tarifaire, sachant que toute la hausse consentie aux industriels (+2-3% en moyenne) ne sera pas nécessairement répercutée. Les prix dépendent aussi des coûts d'exploitation des magasins et de la concurrence locale.Michel-Edouard Leclerc, patron des centres du même nom, annonce une hausse des prix alimentaires de 3 à 3,5% en moyenne jusqu'en juin. Ce sera davantage pour les huiles (4 à 6%), les farines (15 à 28% selon les marques) et le café (15 à 22%).

 

Les hausses de prix devraient se concrétiser plus vite pour les produits frais que pour les conserves, qui se stockent."Il faut essayer de faire jouer la concurrence, être plus vigilant sur les étiquettes", conseille M. Pernin aux consommateurs.Il existe "des produits parfois très comparables" avec des prix très différents entre une marque de distributeur et une marque nationale. "Cela peut être l'occasion de réfléchir globalement sur son budget alimentation", indique-t-il.Comme en 2008, les Français pourraient à nouveau privilégier le "fait maison" à des produits prêts-à-consommer, prévoit-il.

 

En 2008, les prix alimentaires (hors boissons) avaient grimpé de 5,2% en moyenne annuelle, dont +9,7% pour les produits laitiers, +9,6% pour les huiles et les graisses, +6% pour le pain et céréales (y compris biscottes, viennoiseries, farines, pâtes...), rappelle Jean-Louis Lhéritier, chef du département des prix à la consommation à l'Insee.

 

Source Le Nouvel Observateur

Retour à l'accueil