Plantations de palmiers en Côte d’Ivoire, minoteries au Nigeria, forêts au Congo… La multinationale asiatique investit toujours plus sur le continent, souvent en association avec des groupes locaux.

 

Qui arrêtera Olam ? Début 2011, le géant asiatique du négoce a bouclé une nouvelle opération en Afrique subsaharienne, la huitième en un an. Cette fois, c’est TT Timber International, dont les filiales exploitent 1,6 million d’hectares de forêts au Congo et au Gabon, qui, pour 29,6 millions d’euros, est tombé dans l’escarcelle du singapourien, déjà bien garnie depuis l’acquisition en 2010 du nigérian Crown Flour Mills et du ghanéen Wheat Mill. Céréales, cacao, bois, palmiers à huile… Olam développe peu à peu sa présence dans la plupart des grands produits agro-industriels et s’est engagé l’année dernière à sortir de sa poche environ 600 millions d’euros dans différents projets.
 
De quoi renforcer sa position de leader dans l’agrobusiness africain, notamment autour du golfe de Guinée. Peu le savent, mais en 2010 Olam réalisait déjà sur le continent un chiffre d’affaires d’environ 900 millions d’euros, deux fois plus qu’en 2005. Avec les opérations annoncées cette même année, et qui porteront leurs fruits d’ici à quelques mois – ou quelques années –, le bilan devrait joliment grimper… Car, à l’image de plusieurs de ses concurrents, dont ADM, Wilmar et Louis Dreyfus Commodities, Olam a fait de l’Afrique une priorité stratégique pour les années qui viennent.

Et il y applique à la lettre sa stratégie de développement : remonter la chaîne de valeur, être présent du champ agricole jusqu’au produit fini, étendre la gamme des productions historiques (noix de cajou, sucre, café) et se déployer vers d’autres filières, en tout une vingtaine de produits agricoles. Certes, Olam reste un grand importateur de denrées alimentaires sur le continent, mais il y cultive aussi du riz, y coupe du bois, y construit des usines de transformation de cacao ou d’huile de palme, de raffinage de sucre ou de fabrication de pâtes alimentaires…
 
Penser local
 
Né en Afrique avant de s’installer à Singapour, le groupe a vite compris une spécificité africaine : être et penser local. « Olam a eu l’intelligence de s’allier avec des groupes locaux plutôt que d’y aller seul, explique un agro-industriel ouest-africain. Il apporte ses méthodes de management, ses compétences techniques et ses synergies internationales. L’associé local amène sa connaissance du terrain et celle du monde politique, un élément fondamental dans notre région. » Au Nigeria, Olam s’est ainsi allié à la famille Lababidi, qui détient un groupe diversifié présent dans la minoterie, les télécoms et les infrastructures portuaires.
 
En Côte d’Ivoire, son allié est Jean-Louis Billon, patron du groupe Sifca (palmiers à huile, caoutchouc, sucre). En association avec Wilmar, Olam a pris en 2008 une série de participations dans le holding, mais aussi dans ses filiales Palmci (qui récolte l’huile de palme) et Sania (qui la transforme). Son idée forte : être présent à la fois dans les produits d’import-export mais aussi dans la transformation de denrées pour la demande locale. Dans certains pays comme le Nigeria, la demande est en effet promise à une véritable explosion, portée par une classe moyenne en plein boom.

 

Source : www.jeuneafrique.com

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