La vigueur des pays émergents entretient l'espoir
16 avr. 2010Stars de 2009 avec des performances annuelles supérieures à 50 %, voire 100 % pour certains d'entre eux, les marchés émergents restent l'un des thèmes d'investissement favoris des gérants pour 2010. La Bourse russe a bondi de 129 % en 2009, le Brésil de 83 % et la Chine de 80 %.
Certes, ces parcours font suite à une année 2008 qui fut catastrophique, dans les marchés émergents comme dans les pays développés. Mais le rebond qui a commencé ces derniers mois devrait se prolonger. "La crise de 2008 a fait entrer le monde dans une nouvelle phase : les pays émergents sont devenus le moteur de la croissance mondiale", résume Bruno Vanier, directeur de la gestion actions à la Compagnie financière Edmond de Rothschild.
La croissance moyenne dans les émergents devrait atteindre 4,7 % en 2010, un chiffre à comparer au maigre + 0,6 % attendu par le Fonds monétaire international (FMI) dans les pays développés.
En Chine, en Inde, mais aussi en Indonésie, l'essor de la consommation semble en mesure de prendre progressivement le relais des exportations. Ces marchés occupent désormais une place incontournable dans le commerce mondial. Par exemple, les pays émergents représentent la moitié de la demande d'automobiles, dont un quart pour la Chine, devenue en 2009 le premier marché mondial devant les Etats-Unis.
En raison de l'assainissement de leurs finances, certains pays émergents bénéficient aussi d'une forte détente de leurs taux d'intérêt. Le Brésil, la Turquie, la Russie et l'Indonésie en font partie. "Le coût du crédit devenant abordable, les populations devraient commencer à goûter à l'endettement. Cette évolution sera favorable aux banques, à l'immobilier et à la consommation", confie Patrice Lemonnier, spécialiste des actions des pays émergents chez Amundi Asset Management, qui gère notamment CAAM Actions Emergents (+ 91,58 % en 2009). Le gérant apprécie le marché russe, dont il juge le retard sur les autres places émergentes exagéré.
Une opinion qui ne fait pas l'unanimité chez ses confrères, en raison du comportement autoritaire du gouvernement russe, mais aussi de sa dépendance au prix du baril de pétrole. "Nous sommes peu exposés aux pays sensibles à l'évolution des matières premières comme l'or et le pétrole, explique Simon Pickard, aux commandes du fonds Carmignac Emergents (+ 68,41 % en 2009). Même si le Brésil est un grand exportateur des matières premières, ce pays est porté par l'émergence d'une classe moyenne avide de consommer. L'économie russe, elle, se résume au pétrole, ce qui nous semble périlleux." M. Pickard préfère miser sur les actions asiatiques.
Effets pervers
Plus original, Vincent Strauss, responsable des fonds émergents chez Comgest, a un faible pour l'Afrique du Sud, dont les entreprises bénéficient du développement du reste du continent. Société de gestion indépendante, Comgest propose notamment le fonds Magellan (+ 57,67 % en 2009).
L'unanimité en faveur des marchés émergents pourrait cependant entraîner des effets pervers. "On risque de voir se former une bulle spéculative sur ces marchés car ils bénéficient d'un consensus très positif. Des flux massifs de liquidités convergent actuellement vers ces places", met en garde M. Strauss.
L'autre risque majeur est celui d'une remontée du billet vert, qui pénaliserait les pays émergents, qui facturent leurs exportations de matières premières en dollars. Un trou d'air pourrait néanmoins représenter une fenêtre de tir dans une perspective de long terme pour des investisseurs soucieux de diversifier leur portefeuille.