La prochaine récolte de café de meilleure qualité s'annonce abondante. A l'instar des autres matières premières, le renforcement du dollar éloigne du marché les spéculateurs qui cherchent à se protéger de la baisse du billet vert.

 

Depuis septembre 2008, les prix du café de meilleure qualité coté à New York, l'arabica pour livraison en septembre 2010 (l'échéance la plus traitée ces temps-ci), sont enfermés dans une bande relativement étroite comprise entre 1,20 et 1,50 dollar la livre. L'écart s'est même encore resserré depuis le début de l'année, avec des cours oscillant entre 1,30 et 1,40 dollar. Force est de constater que ce produit tropical a perdu l'élan qui lui avait permis, début mars 2008, de tutoyer les 2 dollars la livre.

 

cafe-1.jpgLe petit regain d'intérêt des fonds spéculatifs pour l'arabica constaté la semaine dernière a vite été annihilé par la nouvelle poussée du billet vert, son unité de compte. Comme pour les autres composantes de la classe d'actifs des matières premières, le café de cette qualité fait actuellement les frais du renforcement de la devise américaine. Les dérivés de ressources naturelles sont traditionnellement investis pour se protéger contre l'affaiblissement du dollar et pas contre son raffermissement.

 

Deuxième élément de déprime des prix du café du moment, les négociations en cours entre, d'un côté, le Brésil (de loin le premier producteur et exportateur mondial de ces grains) et, de l'autre, l'IntercontinentalExchange (ICE), l'entreprise de marché qui gère l'ICE Futures US, la Bourse de commerce de New York qui cote les produits tropicaux, pour admettre les grains brésiliens en sous-jacent de ses contrats sur l'arabica. Cette hypothèse est violemment contestée par le Guatemala, l'un des producteurs des variétés d'arabica parmi les plus prisées, qui redoute un afflux massif sur la place new-yorkaise d'arabica brésilien. Environ 90 % des livraisons brésiliennes sont constituées de grains non lavés de moindre qualité. L'ouverture du marché américain inciterait les planteurs brésiliens à produire plus de café lavé ou semi-lavé pour accéder à ce nouveau débouché. Cela ferait grimper les stocks officiels de la Bourse qui sont aujourd'hui à leur plus bas depuis huit ans, indiquent les experts de JP Morgan, entraînant des conséquences néfastes sur les cours, ajoutent les planteurs guatémaltèques. Le gouvernement du Guatemala envisage de formaliser ses critiques par une lettre officielle à l'ICE.

 

Dernier facteur qui pèse sur les cours, « le marché du café sera confronté à plus d'offre qu'anticipé », juge Robin Rosenberg, analyste spécialisé dans les produits tropicaux chez PFG Best. « La grande majorité des planteurs attendent des rendements en hausse de leurs récoltes », précise-t-il. La récolte brésilienne 2010-2011, qui va bientôt démarrer, devrait se solder par un débit très nettement supérieur à celui estimé précédemment de 43,5 millions de sacs (de 60 kilos chacun), avance Kona Haque, chez Macquarie Bank. L'économiste table sur 54 millions de sacs, en progression de 17 % sur celle de 2009-2010 (45 millions de sacs). Un signal peu encourageant pour les prix.

 

Source LES ECHOS

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