Le coût du fret maritime au plus haut depuis six mois
27 mai 2010Le pessimisme semble l'emporter aujourd'hui sur la reprise économique mondiale. Pourtant, l'un des indicateurs avancés les plus fiables de la conjoncture industrielle, celui des coûts du fret maritime pour les ressources naturelles sèches (fer, charbon, etc.), devrait donner de l'espoir. Les deux indices les plus représentatifs des taux de fret du transport transocéanique de cette catégorie de matières premières, le Baltic Dry Index (BDI) et le Baltic Capesize Index (BCI) des navires dotés d'un déplacement généralement supérieur à 150.000 tonnes, ont accéléré leur ascension depuis la mi-mars pour se hisser à leurs niveaux les plus élevés en six mois.
Mardi, ils ont même inscrit leur meilleure performance journalière depuis un an. Les taux de fret des vraquiers de la catégorie Capesize dépassent les 57.000 dollars par jour d'affrètement sur le marché spot. Un tarif supérieur de plus de 40 % à celui de la fin 2009. L'indice généraliste du fret sec, le BDI, se rapproche lui des 4.200 points. Une bonne base technique pour s'attaquer au pic de 2009 de 4.661 points, estiment les analystes graphiques chez Credit Suisse.
Le potentiel de hausse est d'autant plus important que, comme l'ont noté fin avril les experts chez Bank of America Merrill Lynch, les indices du fret maritime sec ont tardé cette fois-ci à réagir à l'amélioration de l'environnement industriel mondial. Et ce parce que, « après des décennies d'augmentations minimales de capacités de transport maritime de denrées sèches, on a enregistré une forte hausse de l'offre avec l'expansion rapide de la flotte de vraquiers ». D'après ces spécialistes, la surcapacité actuelle de navires est à même de contenir toute tentative d'envol des taux de fret. Néanmoins, à plus longue échéance « les perspectives de la demande sont très positives ».
Domination chinoise
La Chine domine une fois de plus ce marché. Et il n'y a pas d'inquiétudes à avoir si l'on s'en tient aux dernières données chiffrées disponibles. Entre
janvier et avril, les importations chinoises par voie de mer des principales matières premières sèches a bondi de 25 %, indique Icap Shipping. En 2009, les importations totales chinoises de cette
catégorie de marchandises se sont élevées à 918 millions de tonnes. « Si le rythme actuel devait être maintenu on peut s'attendre à voir autour de 1.150 millions de tonnes pour l'année en cours
», avance IcaP Shipping. Même en cas de ralentissement dans les mois qui viennent, les importations chinoises de matières premières sèches devraient dépasser le milliard de tonnes, estime le
broker britannique. « Il n'y a donc aucun doute que l'expansion continue », conclut-t-il.
Porté par la fermeté de la demande asiatique des deux principales « commodités » acheminées par voie maritime, le minerai de fer et le charbon (environ 60 % de la demande globale de transport maritime), le marché des Capesize se tend sur les routes atlantiques et pacifiques, constate Drewry Shipping Consultants. Les ports commerciaux brésiliens d'où partent beaucoup de livraisons de minerai de fer sont congestionnés, immobilisant au large un nombre croissant de gros vraquiers. En cas de recul de la demande extrême-orientale de cette ressource minérale, le charbon thermique et les céréales prendront le relais, minimisant le repli temporaire des taux de fret.
M. P., Les Echos