Les géants miniers font pression sur les prix
31 mai 2010Rio Tinto, BHP Billiton et Vale envisagent une hausse des prix de plus de 30% du minerai de fer au troisième trimestre. Pour les sidérurgistes, une bulle spéculative, menaçante pour la reprise économique mondiale, risque de se former.
La tension devient palpable sur les marchés des métaux de base. D’après le Financial Times ce lundi, les australiens Rio Tinto et BHP Billiton, alliés au brésilien Vale, envisagent de faire grimper les cours du minerai de fer et du charbon à coke à partir du 1er juillet prochain. La hausse des prix envisagée serait de 30 à 35% pour le minerai de fer et de 10 à 15% pour le charbon à coke. Objectif pour les producteurs: récupérer leur mise. Ils estiment en effet que depuis la mise en place du système de contrats trimestriels, qui a remplacé les anciens contrats annuels à prix fixes, les écarts entre leurs prix et ceux des marchés sont trop grands.
Le responsable des métaux ferreux de Vale, Jose Carlos Martins, expliquait au journal brésilien O Estado de Sao Paulo dimanche qu’ «au deuxième trimestre, nos prix ont été très inférieurs au prix sur le marché spot en Chine », faisant référence au marché au comptant. «Avec la formule actuelle, nous nous attendons à récupérer une grande partie de cet écart au prochain trimestre qui commence en juillet», a-t-il ajouté.
Vale devrait livrer le chiffre exact de la hausse demain mardi. En attendant, la fourchette évoquée ferait grimper le prix du minerai de fer à 145 dollars la tonne. Cette nouvelle hausse fait elle-même suite à la flambée des prix du minerai de 90 à 100% constatée en avril dernier. La hausse des prix du charbon à coke à la même période était de 55%.
Bulle spéculative
Cette nouvelle ne rassure par la Chine, première grande consommatrice de ces deux matières premières utilisées dans la production d’acier. Plus généralement, cette nouvelle entretient une pression inflationniste sur les marchés qui menace l’ensemble des pays émergents.
Cette nouvelle fait aussi trembler les sidérurgistes à l’image de ThyssenKrup, numéro un de la production d’acier en Allemagne. Dans une interview au quotuidien Der Spiegel ce lundi, Ekkehard Schulz, président du directoire du groupe, évoque même la formation d’une bulle spéculative des matières premières. «Les dimensions de cette bulle pourraient être encore plus importantes que dans le cas de l’immobilier aux Etats-Unis il y a deux ans», prévient-il. «Si nous ne sommes pas prêts à mener des actions déterminantes contre les spéculateurs sur les matières premières, ils vont devenir une grave menace pour l’ensemble du secteur de l’acier et pour l’économie mondiale», a-t-il ajouté.
Selon Ekkehard Schulz, ThyssenKrupp à la preuve que d’importantes banques d’investissements, qui ont déjà été impliquées dans des bulles spéculatives par le passé, s’organisent pour faire de nouveaux paris sur le marché du minerai de fer. «Les opérations de dérivés telles qu’elles sont faites aujourd’hui par les banques et par les fonds ont besoin en urgence d’être régulées», a-t-il ajouté.
La question est tellement sensible que le gouvernement allemand s’est engagé à l’évoquer lors de la prochaine réunion des dirigeants du G20 en juin à Toronto. Avec l’appui de l’Office allemand des cartels et de la Commission européenne.
Source : LE FIGARO