Plusieurs fédérations industrielles européennes appellent l'Union européenne à empêcher une hausse excessive des prix du minerai de fer, qui freinerait selon elles la reprise économique.Eurofer, principale fédération du secteur de la sidérurgie, et l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) se sont déclaré préoccupées par la montée des prix du minerai après l'annonce d'accords conclus par les groupes miniers Vale et BHP Billiton sur un changement de leurs pratiques en matière de tarifs.La fédération italienne des industries mécaniques ANIMA s'est jointe à Eurofer pour réclamer des mesures face à ce qu'elle présente comme "des augmentations injustifiées des prix des matières premières".Dans une lettre ouverte aux autorités européennes, Eurofer affirme que le contrôle exercé par trois grands groupes sur près des trois quarts du marché mondial du minerai de fer se traduit par des pratiques tarifaires déséquilibrées.La Commission européenne a déclaré ne pas prévoir une nouvelle enquête sur ce dossier mais explique que le contenu de la lettre d'Eurofer sera utile pour l'enquête déjà en cours sur le projet de coentreprise entre BHP et Rio Tinto.

 

"Le lettre n'est pas formellement une plainte mais la Commission étudiera toute information pertinente pour examiner les problèmes de concurrence dans le secteur", a déclaré un responsable de l'exécutif communautaire.Mardi, Vale et BHP Billiton, respectivement premier et troisième producteur mondial de minerai de fer, ont annoncé que le prix du minerai livré aux sidérurgistes japonais serait désormais fixé sur une base trimestrielle et plus par des accords annuels.Dans certains contrats, cette modification devrait se traduire par un bond de 90% du prix du minerai par rapport à l'an dernier.

 

"TARIFICATION INJUSTIFIABLE"

"Le minerai de fer est à la base de la plus importante chaîne de valeur de l'UE", explique Eurofer dans un communiqué également signé par Orgalime, l'Association européenne des industries d'ingénierie."Si l'accès économique (au minerai) est handicapé par une tarification injustifiable et si par conséquent la production d'acier est mise en danger, cela aura de graves conséquences sur l'ensemble de la chaîne de valeur et des millions d'emplois dans ces secteurs seront concernés."Les experts de l'antitrust estiment que la Commission européenne devra procéder à des évaluations détaillées avant de décider de l'éventuelle ouverture d'une enquête sur le secteur."La Commission doit prendre en compte les intérêts des acheteurs européens mais aussi ceux des gouvernements australien, brésilien, sud-africain et même chinois", estime David Wood, avocat spécialisé du cabinet Gibson, Dunn & Crutcher.

 

La Commission a ouvert ces dernières années des enquêtes sur les secteurs des services financiers, de la pharmacie et de l'énergie. Dans ce dernier cas, l'enquête a obligé plusieurs grands groupes européens, comme E.ON, RWE ou Eni, à ouvrir davantage leurs marchés à la concurrence."On pourrait dire que la Commission a, d'une certaine manière, déjà ouvert une enquête sur le secteur du minerai de fer. Nous nous sommes laissés dire que des questionnaires avaient récemment été adressés aux parties intéressées dans le cadre des investigations sur le projet de JV entre BHP et Rio Tinto", a dit un avocat qui a requis l'anonymat."Toutefois, aujourd'hui, Eurofer a officiellement demandé à la Commission d'étendre ses investigations sur le secteur aux pratiques tarifaires des fournisseurs de minerai de fer. Ce facteur devrait accroître la pression sur BHP et Rio Tinto."

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