LA NOUVELLE-ORLÉANS (Etats-Unis) (AFP) - jeudi 27 mai 2010 - 7h10 - Le groupe britannique BP a lancé mercredi une opération délicate visant à cimenter le puits de pétrole à l'origine de la marée noire dans le golfe du Mexique et a reconnu que des défaillances avaient entraîné la catastrophe.

 

CPS SEU14 230510221227 photo01 quicklook default-245x163"BP a commencé" l'opération, baptisée 'top kill' en anglais, "pour arrêter le flux de pétrole du puits", a déclaré le porte-parole du groupe, peu après que les garde-côtes américains eurent donné leur feu vert. BP a précisé dans un communiqué que l'opération avait commencé à "13H00" locales (18H00 GMT).La procédure consiste à injecter depuis un bateau mouillant en surface une solution faite d'eau, de matières solides et de barite, un minerai, dans deux conduits qui mènent à la valve anti-explosion du puits, d'où s'échappent le pétrole et le gaz, puis de sceller le puits avec du ciment.

 

Un des vice-présidents du pétrolier, Kent Wells, a estimé que l'opération avait "entre 60 et 70%" de chances de réussir. D'après Bruce Murray, ingénieur pétrochimiste, si la pression appliquée à la fuite est assez forte, le mélange devrait pouvoir forcer le pétrole à se replier dans le gisement et l'immobiliser. Du ciment doit ensuite être injecté pour sceller la fuite.Mais, souligne Eric Smith, du Tulane Energy Institute, la pression requise pour stopper la fuite est tellement forte que le gisement ou la valve anti-explosion pourraient être endommagés. Le procédé produirait alors une fuite encore plus importante.

 

Et, préviennent les experts, cette technique, déjà expérimentée avec succès en d'autres occasions, n'a jamais été tentée à 1.500 mètres de profondeur.Le directeur général de BP Tony Hayward a reconnu mercredi que "sept défaillances" étaient apparues avant l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril, sans toutefois préciser s'il s'agissait d'erreurs humaines ou de problèmes techniques.Mardi soir, des élus du Congrès américain ont annoncé avoir eu accès à une enquête interne de BP sur la catastrophe, mentionnant "trois signes avant-coureurs" annonçant l'imminence d'un danger, survenus dans l'heure qui a précédé l'explosion.

 

Ces révélations coïncident avec l'annonce mercredi par des médias locaux que l'oléoduc trans-Alaska, en partie détenu par le groupe BP, était fermé mercredi après une fuite de pétrole qui s'est déversée dans un bac de rétention.Le président Barack Obama doit se rendre vendredi en Louisiane, l'Etat le plus touché par la marée noire. Il donnera la veille une conférence de presse sur le sujet.

 

Il a promis mercredi que son gouvernement ne "connaîtrait pas de repos" tant que la source de la marée noire ne serait pas tarie et que les opérations de nettoyage ne seraient pas terminées.Le gouverneur de Louisiane, le républicain Bobby Jindal, a annoncé mercredi que la marée noire s'étendait désormais à "plus de 100 miles (160 km) de côtes", et a pressé les autorités d'agir.Si la cimentation de la fuite devait échouer, BP compte recourir une nouvelle fois à un "couvercle". Ce procédé, déjà tenté à plusieurs reprises, n'a pour le moment pas porté ses fruits.La Chambre des représentants américaine a adopté mercredi à l'unanimité une résolution rendant hommage aux 11 morts de la plateforme et présentant "les condoléances de la nation aux familles".L'attention des médias américains, focalisée sur le désastre écologique, s'est peu attardée ces dernières semaines sur la mort de ceux qui ont été surnommés les "11 oubliés" par des blogueurs.

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