Alors que la décision russe de suspendre ses exportations de céréales semble devoir perdurer, la France tente d'enrayer la spéculation sur les prix agricoles. Vendredi, le ministre français de l'Agriculture Bruno Le Maire s'est montré en faveur d'une limitation des positions. Le but : limiter la spéculation sur les marchés des matières premières. A la suite de sa visite de deux jours aux Etats-Unis où il a notamment rencontré son homologue américain Tom Vilsack, le ministre a estimé que la mise en oeuvre de telles mesures sur les marchés européens des matières premières pourrait être "quelque chose de très intéressant", sans que cela ne constitue cependant la seule solution pour faire face à la situation. Des propos qui interviennent alors que La France a soumis à la Commission européenne des propositions détaillées en vue d'obtenir une action conjointe permettant de réguler les marchés des matières premières.

 

Fin août, Paris a ainsi formellement demandé à Bruxelles de prendre une « initiative » pour « améliorer » la régulation des marchés financiers liés aux matières premières, une des priorités de la France en vue de sa présidence du G20. Dans une lettre conjointe, les ministres Christine Lagarde (Economie), Jean-Louis Borloo (Energie) et Bruno Le Maire (Agriculture) jugent la régulation en vigueur « insuffisante ». Ils estiment par ailleurs « souhaitable » « qu'une initiative européenne pose les principes communs de la régulation des dérivés de l'ensemble des matières premières et assimilés ». Le gouvernement français pointe tout particulièrement du doigt les produits financiers dérivés, lesquels - selon Paris - sont progressivement « devenus des actifs financiers comme les autres, utilisés par des acteurs non commerciaux, comme par exemple les fonds spéculatifs ».

 

Certains analystes ne redoutent quant à eux que n'émerge à nouveau le même type de phénomène que celui observé en 2008, date à laquelle la flambée des prix agricoles avait déclenché des émeutes de la faim dans certains pays. Certes le contexte d'aujourd'hui est différent mais différents facteurs pourraient mener à une situation similaire ou en tout cas inquiétante. En effet, la récente canicule observée en Russie a fait quasiment doubler le prix du blé entre juin et août. Une situation aggravée par l décision prise par le gouvernement russe de suspendre les exportations de céréales au moins jusqu'en 2011. 1.Mais Bruno Le Maire pointe du doigt la spéculation pour expliquer la véritable flambée des cours qui s'en est suivie. Concédant que la sécheresse survenue en Russie a eu un effet non négligeable sur le cours des matières premières, il considère toutefois que le contexte « aurait dû faire monter les prix sur le marché de 100 euros la tonne à, disons, 140 ou 150 euros. Pas 200 ou 220".

 

Définissant la différence comme une « marge de spéculation » qu'il souhaite « combattre ». Le ministre a par ailleurs précisé qu'il mènerait des discussions à ce sujet avec le gouvernement britannique, les grands marchés de matières premières européens étant situés à Londres. A la suite de l'annonce faite par Moscou d'une prolongation de l'embargo sur ses exportations et des émeutes au Mozambique consécutives à la flambée du prix du pain., la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) va organiser quant à elle le 24 septembre prochain à Rome une réunion spéciale sur les tensions parcourant les marchés des céréales. "Il ne s'agit pas d'une réunion d'urgence mais d'une réunion spéciale car il y a beaucoup d'instabilité actuellement" pour les prix des produits alimentaires, a indiqué à un responsable de l'Organisation. La FAO n'observe toutefois - à l'heure actuelle - aucune difficulté particulière sur les fondamentaux, considérant également que les stocks sont largement suffisants. Au final, elle estime ne pas être dans la même situation qu'avant la crise alimentaire et les émeutes de la faim survenus en 2007/2008.

 

 Sources : Reuters, AFP

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