Devant les délégués de la Cnuced, les représentants des milieux financiers ont combattu mardi tout tour de vis réglementaire sur les marchés où s’échangent ces produits.

Interpellés, les délégués gouvernementaux réunis dans la grande salle circulaire de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) n’ont pas cillé. «En Inde, 60% de la production des petites exploitations agricoles finit avariée par manque d’investissement dans des silos, des chambres froides; alors occupez-vous de cela et vous commencerez à régler le problème… et ceci n’a rien à voir avec les agissements de fonds d’investissement indiciels», leur lance pourtant Bob Ray, directeur général du Chicago Mercantile Exchange, le plus important marché à terme de produits de base.

Cette injonction résume l’attitude des représentants des milieux financiers lors du Global Commodities Forum qui se tient depuis lundi à Genève. Mardi, les débats portaient sur les causes des fluctuations des prix des matières premières et sur la façon de les limiter grâce à la régulation. Enseignant à la School of Oriental and African Studies londonienne, Machiko Nissanke a bien essayé d’attirer l’attention sur le fait que «ces marchés ne remplissent pas efficacement leur rôle de gestion des risques, quand les décisions [de certains intervenants financiers] ne sont pas guidées par [l’analyse] des seuls facteurs influençant l’offre et la demande». Elle a rappelé que «le poids de l’argent prévaut», les cours mondiaux pouvant «être influencés par la taille des ordres passés par les grands traders». Et celle-ci d’évoquer l’élimination des exceptions réglementaires dont bénéficient les banques d’affaires, sur laquelle planche la CFTC, l’autorité surveillant ces marchés aux Etats-Unis. Ou l’imposition de dépôts en fonds propres pour couvrir en partie les transactions à terme.


Front antiréglementaire

Les représentants de la finance font mine de n’y voir qu’une remise en cause de tout le système de marché. Présent, le porte-parole de Vitol, la plus grande société de négoce pétrolier, exprime son point de vue sur ces questions en faisant le portrait de son activité en termes très généraux. Avant de conclure que les Etats «devraient être prudents avant d’imposer des limites arbitraires» aux marchés. Thomas Leaver, pourtant patron du Dubai Mercantile Exchange, la bourse du pétrole du Golfe, s’oppose à ce que les échanges de gré à gré – transactions peu transparentes, également utilisées par les spéculateurs – soient transférés d’office sur des bourses réglementées.

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