RAPPORT CNUCED-Echanges commerciaux avec les pays émergents:L’Afrique dans le néo-colonialisme Sud-Sud
20 juin 2010La Cnuced a publié hier son rapport sur le développement et la coopération en 2008. Il y est dit que la Chine est la locomotive de ce nouveau partenariat économique entre Etats en développement. Mais son offre commerciale n’est pas du tout variée, car elle continue d’exporter uniquement ses matières premières.
Depuis 2000, l’Afrique diversifie ses partenaires économiques, en s’ouvrant en particulier aux pays émergents du Sud. Mais le continent noir demeure la grande perdante des échanges avec le reste du monde car il n’offre que des matières premières. Ainsi peut se résumer le rapport publié hier par la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), et intitulé : La coopération Sud-Sud : L’Afrique et les nouvelles formes de partenariat pour le développement. Selon l’expert des Nations unies Norbert Lebale, les pays africains jouissent maintenant d’un nombre croissant de partenaires, comme la Chine, l’Inde et le Brésil, de grands pays en développement, mais ils continuent d’exporter des produits agricoles, des minéraux et du pétrole brut. Au même moment, ils continuent de consommer des produits manufacturés de ces pays émergents du Sud.
On assiste ainsi à la reproduction du système d’échanges tant décrié entre les anciennes métropoles et ses ex-colonies. Et pour cause, l’Afrique tarde encore à profiter du transfert technologique de la part de ces puissances du Tiers-monde, pour bâtir une industrie compétitive capable de transformer les matières premières. Une politique industrielle fait défaut. Or, résorber ce retard industriel est possible grâce à la disponibilité des équipements, pour peu qu’ils soient inscrits dans les préalables d’un partenariat.
La Cnuced constate dans son rapport une forte présence de technologies modernes. Le document, qui fait particulièrement l’économie des interventions des Etats émergents du Sud en Afrique en 2008,
relève quatre secteurs de coopération : le transfert technologique, les infrastructures, la production et les flux financiers publics. «L’Afrique du Sud et l’Angola sont à la première ligne. En
2008, les cinq premiers pays africains exportateurs ont réalisé 68% des échanges commerciales totales avec les puissances économiques en développement. Ces mêmes Etats ont importé
57% de leurs produits finis des Nations émergentes, selon le rapport. Et le pays émergent le plus présent dans la région depuis 2000 est la Chine.»
PARTENARIAT TRIANGULAIRE
Le rapport indique que ce pays a financé «83% de l’investissement direct étranger en Afrique en 2008 et s’était engagé à doubler son aide» l’année
dernière. Et l’Empire du Milieu devient la principale source d’aide bilatérale à l’Afrique, d’après la même source. «Si les données disponibles ne permettent pas d’apprécier de manière fiable
l’ampleur des flux de fonds publics en provenance des pays en développement, la Chine a consacré 54% de son appui à l’infrastructure et aux travaux publics entre 2002 et 2007», souligne le
rapport. Alors que les donateurs traditionnels, telle que l’Union européenne, ne consacrent que 22% de leur aide publique au développement aux secteurs de production et aux infrastructures en
2006. Et Norbert Lebale de se réjouir : «Cette diversification du partenariat a permis à l’Afrique d’investir dans les infrastructures, contrairement aux Européens qui privilégient les secteurs
sociaux.» Toutefois, le rapport en déduit que les nouvelles tendances ne doivent pas être circonscrites à la Chine et à l’Afrique, mais s’étendre à tous les pays en voie de développement. M.
Lebale remarque qu’avec la Chine par exemple, l’Afrique est dans une position de faiblesse. «A chaque Sommet sino-africain, les Etats africains doivent faire des contrepropositions qui reflètent
leurs réalités et leurs besoins, au lieu de continuer à accepter les propositions d’investissement de ce pays même si elles peuvent être pertinentes.»
Par ailleurs, la Cnuced relève que les partenaires commerciaux traditionnels demeurent les principaux pourvoyeurs d’aide aux pays du Sud. La coopération entre l’Afrique et les Etats non africains, préconise le rapport, doit être considérée comme un complément, une alternative aux relations Nord-Sud. D’ailleurs, l’Afrique peut tirer profit de cette coopération triangulaire. «Le pays qui réussira à trouver l’équilibre entre les apports financiers des pays développés et ceux des pays émergents, va s’en sortir», estime l’expert Lebale. Pour promouvoir un développement industriel.
Source LE QUOTIDIEN (Sénégal)