NANO_headerphoto.jpgDécidément, la carrière de « voiture du peuple » n’est pas de tout repos. Après avoir connu un lancement très tardif et quelques déboires de production, la Tata Nano, auto-proclamée comme « la voiture la moins chère du monde » pourrait devoir augmenter ses tarifs à cause de la hausse des matières premières. Un véritable risque, alors que de nombreuses concurrentes se préparent.

Lancée l’an dernier en grande pompe et commercialisée 100 000 roupies dans son Inde natale (soit environ 1 600 euros), la Nano a immédiatement séduit la population locale et bluffé la planète. Maline, elle est venue combler un manque en proposant aux classes moyennes indiennes, une alternative aux deux ou trois roues dangereux et sur lesquels des familles entières se déplacent en majorité en Inde. Un départ en trombe mais, son succès immédiat n’est désormais plus autant assuré.

Une hausse des prix inévitable

Les analystes s’interrogent en effet de plus en plus sur la viabilité du principe de « voiture la moins chère du monde », alors que les prix des matières premières continuent de flamber. Vaishali Jajoo, courtier indien pour Angel Broking, estime d’ailleurs qu’avec « la hausse des coûts, la Nano ne restera pas au prix de vente de 100 000 roupies ». Au même titre que les autres constructeurs indiens, Tata doit faire face à la hausse du coût des matières premières, mais aussi des tarifs en hausse de la main d’œuvre et de nouvelles taxes locales.

Avec le début de sortie de crise des pays développés, la demande mondiale des matières premières comme le cuivre, l’aluminium, le plastique et le caoutchouc a en effet fortement augmenté, entraînant une hausse des prix et cela devrait durer. M. Jajoo indique à ce propos que le prix moyen de l’acier a grimpé de 25% depuis avril 2009. Une hausse importante qui s’ajoute à celle des pneumatiques et équipements automobiles et qui impacte directement la citadine de poche.

Il y a donc fort à parier que Ratan Tata finisse par augmenter le tarif de sa Nano, à l’image de ce qu’on fait les plus importants constructeurs du marché indien, Maruti-Suzuki et Hyundaï.

Bientôt entre 2 000 et 3 000 € ?

Conséquence inévitable, la « voiture du peuple » risque très bientôt d’être (un peu) moins abordable. Tata a d’ores et déjà garanti que les 100 000 premières unités vendues seraient livrées « à des prix préservés », soit le tarif des 100 000 roupies promis au lancement. C’est donc davantage pour les futurs clients que les choses devraient se corser. Sachant que 26 500 Nano ont déjà été vendues depuis juillet 2009, il devrait rester encore 73 500 unités environ à écouler au tarif « bas », si Ratan Tata tient sa promesse.

Une deuxième vague de commandes de Nano est prévue pour le dernier trimestre 2010. Selon les analystes, la version de base pourrait alors passer à 130 000 roupies (plus de 2 000 €), et la LX –la finition haut de gamme- atteindre près de 200 000 roupies, soit plus de 3 200 € (contre 2 750 € environ aujourd’hui).

Tata a reconnu affronter quelques difficultés avec la hausse des prix des matières premières et le retrait du plan de soutien du gouvernement. Mais le constructeur indien n’a pas encore évoqué de hausse des prix de ses modèles, le porte-parole de la marque se contentant d’un laconique « ce qui va se passer dans l'avenir est difficile à dire ».

La concurrence à l’approche

Selon des analystes, Tata est toutefois à l’abri d’une importante chute des ventes, la demande rurale devant compenser la baisse de la celle due à l’augmentation des prix. Plus ennuyeux pour la Nano en revanche, la concurrence s’organise déjà. Plusieurs grands constructeurs mondiaux se sont engouffrés dans la brèche de l’ultra low-cost et vont bientôt lancer leurs propres modèles, comme Renault-Nissan-Bajaj, ou encore Ford, General Motors, Toyota et Honda.

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