Le monde du négoce est réuni depuis le début de la semaine à Lausanne. La Suisse demeure la première place au monde pour le négoce des matières premières, mais ce statut est en train de changer.
 
afriquemapDepuis le XIXème siècle, les sociétés de négoce chargées d’acheter et de revendre les matières premières ont élu domicile sur les rives du lac Léman qui avaient toutes les qualités à leurs yeux : la neutralité diplomatique favorable au commerce, la non-ingérence des autorités dans le monde des affaires, et une fiscalité très basse.
 
Aujourd’hui c’est de leurs bureaux suisses que les traders décident de l’origine et de la destination du tiers des produits agricoles échangés sur le globe, du tiers du pétrole, et des deux tiers des métaux et des minerais. Mais cette prééminence de la Suisse est de plus en plus remise en cause, et pas seulement par Londres, la principale place financière européenne. L’an dernier, le géant du négoce pétrolier Trafigura a déménagé de Genève à Singapour ; pour se rapprocher du grand marché de consommation qu’est la Chine, mais aussi pour profiter des avantages fiscaux encore plus grands de la cité Etat asiatique, sachant que Genève va augmenter son taux d’imposition dans cinq ans.
 
Kuala Lumpur, en Malaisie, Hong Kong utilisent aussi l’argument fiscal, Dubaï aux Emirats arabes unis également. Dubaï fait aussi la promotion d’une réglementation très souple pour les entreprises du négoce qui veulent intervenir sur les marchés dérivés des matières premières. La Suisse, au contraire, ne peut rester indifférente au durcissement des législations décidé dans l’Union européenne et aux Etats-Unis, pour limiter la spéculation sur les matières premières, et pour rendre le milieu du négoce plus transparent.
 
Sortir le négoce de son opacité est une exigence de plus en plus grande jusque dans l’opinion helvétique, alors que la force de frappe des entreprises de négoce est devenue plus grande que celle des banques. C’est le géant suisse du négoce Glencore qui a prêté 10 milliards de dollars à la compagnie pétrolière russe Rosneft en échange de pétrole, et qui a financé la restructuration de la dette de l’Angola envers la Russie. Le monde du négoce doit s’autoréguler, a défendu le patron de Cargill un autre géant du secteur, avant que la Suisse ne lui impose des règles qui ne lui conviendraient pas.
 
Source www.rfi.fr
 
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