Un faiseur d'or sur le marché des matières premières
20 févr. 2010
La banque américaine bénéficie d'"entrées VIP" qui font envie à ses concurrents
Dans le monde des matières premières, les traders de Goldman Sachs sont de vrais seigneurs. La banque est la première par la taille à proposer des produits et indices sur le pétrole, l'or, les
métaux de base et le soja, devant Morgan Stanley et Barclays. À ce titre, elle bénéficie d'ailleurs d'entrées VIP aux États-Unis : elle est aujourd'hui affranchie des contraintes qui pèsent sur
d'autres acteurs moins influents, notamment quant à la taille des positions qu'elle a le droit de prendre sur chacune des « commodities », ou matières premières en français. Et peut ainsi
proposer des produits cousus main à ses clients, qui sont soit des investisseurs souhaitant acheter de l'or, soit des industriels, inquiets de protéger leur production de pétrole des mouvements
de yoyo des marchés, par exemple.
Seul maître à bord
Revers de la médaille : la banque est parfois accusée de faire la pluie et le beau temps sur ces marchés, qui représentent la partie la plus rentable de ses activités de trading : les matières premières pèseraient 9 % de ses bénéfices. La banque est si influente que les autres ont tendance à s'inspirer de ses positions, ce qui pèse sur l'évolution des cours. Il suffit que Goldman Sachs mise sur le gaz naturel pour livraison en juillet prochain pour que le gaz monte sur cette échéance. Et sur les marchés les plus étroits, comme le soja ou certains produits pétroliers bien spécifiques, le premier acteur mondial est souvent seul maître à bord.
Un relais de croissance
Si Goldman Sachs a été moteur dans le développement de la spéculation sur les matières premières, elle fait aujourd'hui des émules. Ses concurrentes se ruent désormais sur la classe d'actifs, qui apparaît comme un relais de croissance alors que certains métiers de la banque d'investissement sont à la peine.
En trois ans, JP Morgan a ainsi créé une branche « commodities » à la seule force de son carnet de chèques. Après la plate-forme de trading de Bear Stearns, la banque a racheté les activités d'UBS, puis 2 business sur le CO2 et enfin, la semaine dernière, RBS Sempra Commodities. Citigroup prévoit de son côté de gonfler ses équipes de 30 % sur les trois prochaines années. La Deutsche Bank est au milieu d'un programme de développement sur le segment de marché, échelonné sur cinq ans. Enrfin, la Société Généralecute; Générale et BNP Paribas ne cessent de recruter pour étoffer leur propre département « commodities ».
Aline Robert (La Tribune)