Une conférence regroupant la Rdc et d’autres pays de la région ainsi que les bailleurs de fonds se tiendra en juin prochain en France sur l’initiative de Nicolas Sarkozy avec pour objectif les financement des projets économiques en vue de consolider la paix.

A l’initiative de la France, une conférence réunira dans ce pays au mois de juin les Etats de l’Afrique des Grands Lacs et les bailleurs de fonds intéressés par cette région. Il sera question à cette rencontre de lancer des « projets économiques conjoints » susceptibles de favoriser la paix dans la région. La confirmation de l’organisation de cette conférence a été donnée par l’Elysée, selon la presse parisienne reprise par le journal Les Echos.

Auparavant, au mois de mai, lors du prochain sommet France-Afrique qui aura lieu à Nice, sur la Côte d’Azur, les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats de l’Afrique des Grands Lacs débattront avec le président Nicolas Sarkozy de l’organisation de leur conférence. Les directives qui y seront arrêtées, seront certainement transmises aux ministres des pays concernés qui se retrouveront au mois de juin avec les bailleurs de fonds.

Selon le Journal Les Echos, la France souhaite l’éclosion des « projets communs » entre ces pays en matière économique, notamment dans les secteurs de l’Energie, le développement agricole ou l’exploitation forestière. Selon la même source, « l’idée, c’est que si on veut aider à surmonter les clivages politiques et les conflits dans la région concernée, il faut favoriser la coopération et l’intégration régionale ».

On ne doute pas que pendant son séjour de trois heures à Kigali, le président français s’entretiendra de la tenue de cette conférence avec son homologue rwandais, le président Paul Kagame.

Marché commun

Ce n’est pas la première fois que le président Sarkozy évoque l’organisation de cette conférence. En janvier 2009, lors de la présentation des voeux au corps diplomatique, il s’était déjà attardé sur les perspectives de paix dans la région des Grands Lacs. Aussi, appelait-il à une « nouvelle approche de paix » dans l’Afrique des Grands Lacs.

Le président français avait suggéré le « partage en commun de l’espace et les abondantes richesses minières dont regorge la République démocratique du Congo, un pays immense à la gouvernance étrange avec le « petit » Rwanda ». Il souhaitait la mise en place d’un « Marché commun » pour favoriser les échanges économiques.

C’était le « Plan Sarkozy » que les Congolais dénoncèrent pour autant qu’ils y voyaient une tentative de balkanisation de la RDC. En visite officielle à Kinshasa, après avoir accordé une interview à la presse congolaise, le président Sarkozy s’était défendu de disposer d’un plan, que ses propos avaient été mal interprétés, mais avait réaffirmé son attachement à « l’intangibilité des frontières » de la RDC.

« La première vérité, c’est que la souveraineté du Congo est inaliénable et la France sera toujours à vos côtés pour le respect de cette souveraineté », avait-t-il soutenu à Kinshasa.

A cette occasion, le président Sarkozy avait annoncé l’organisation de cette conférence en 2010. Il avait saisi l’opportunité de sa rencontre avec les autorités congolaises pour déclarer qu’il avait proposé à la RDC, et à ses voisins proches, à savoir le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, la Tanzanie et le Kenya, la création d’une « Agence régionale pour le développement et l’aménagement ». A son avis, cette démarche contribuerait au « bon voisinage » dans la région et donnerait un « nouvel élan » à leur coopération autour des projets communs.

Il est quasi certain que la création de cette agence sera à l’ordre du jour tant à Nice, au mois de mai, de même qu’en juin lors de la conférence prévue également des bailleurs de fonds de Grands Lacs. Au bout du compte il sera assurément question de la mise sur pied d’un « Marché commun ».

Abondant dans le même sens, l’ambassadeur de France à Kinshasa, M. Pierre Jacquemot, avait rappelé que la « coopération régionale est un facteur de paix ». Et que la balkanisation de la RDC n’a jamais été à l’ordre du jour en France.

CIRGL marginalisée ?

L’abondance des biens ne nuit pas, dit-on. Mais l’abondance des initiatives de paix peut nuire à la paix. Car l’impression qui se dégage de plus en plus, c’est qu’on se bouscule un peu trop dans la région des Grands Lacs. En effet, l’une des importantes initiatives saluées par tout le monde et qui a bénéficié du soutien de la Communauté internationale demeure justement l’institutionnalisation de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL.

La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs n’a pas permis seulement aux Etats membres de signer le Pacte de sécurité, de stabilité et de développement de la région des Grands Lacs, mais aussi de disposer de 10 programmes prioritaires d’actions pour la reconstruction des pays de la région. Un fonds spécial de reconstruction a même été constitué et a reçu la contribution de certains Etats membres, notamment la République démocratique du Congo.

Bien plus, la relance d’un autre regroupement régional qui était  restée en veilleuse pendant la longue période des conflits, en l’occurrence la Communauté économique des pays des Grands Lacs ( CEPGL) est également une réalité grâce aux efforts fournis dans le cadre de la CIRGL. Un groupe d’Amis des Grands Lacs se charge même de contacter des bailleurs de fonds pour la mise en œuvre des « projets intégrateurs ».

La mise en place de l’«Agence régionale de développement et d’aménagement » viendra-t-elle en appui aux projets de développement de la CIRGL ? Les bailleurs de fonds des Grands Lacs sont-ils les mêmes qui font partie du « Groupe des Amis des Grands Lacs » ?

Apparemment, la réponse est négative. Cela d’autant plus vrai qu’à en croire le journal Les Echos, l’Elysée aurait intéressé les Américains à cette proposition et que ceux-ci « lui ont fait part de leur soutien ».

Dans l’intérêt de l’Afrique des Grands Lacs, il serait utile que toutes ces initiatives soient coordonnées et ne visent qu’un seul objectif. Question d’éviter le « télescopage » au risque de décourager certains bailleurs de fonds, au risque de voir cette « Agence de développement », au-delà du « Marché commun », se révéler une utopie.

Devant cette hypothèse, ce sont les pays de la région qui perdraient, alors que l’intégration économique est une option levée par l’Union africaine depuis l’OUA, avec le Plan d’Action de Lagos 1971, la CEPGL, la CEEAC et la CIRGL.

D’autre part, si la tendance consisterait à confier à quelques pays de la région le «leadership économique » au détriment de ceux producteurs des richesses, l’Afrique des Grands Lacs se trouverait dans la même situation que les pays du Balkan. Pour des raisons économiques, les Européens sont divisés, car la Russie ne parle pas le même langage avec ses voisins européens, membres de l’OTAN qui compte également les Etats-Unis.

Or, dans les Grands Lacs, le coltan, la cassitérite, le nickel… opposent déjà l’Europe aux Etats-Unis ainsi qu’aux Asiatiques dans le Kivu. Il y a aussi à retenir que selon l’analyste sénégalais Amady Aly Dieng, « dans la guerre mondiale pour les matières premières, la RDC constitue un objectif stratégique. Pékin y affronte Bruxelles, Paris ou encore Ottawa… ».

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