L'Europe fait marche arrière sur les biocarburants de première génération

Les biocarburants à base de colza, de blé ou de sucre n'ont plus la cote en Europe.

Souvent, l'Europe varie. Trop souvent, estiment les industriels des biocarburants. Il y a cinq ans, l'Union européenne ne jurait que par le bioéthanol à base de sucre de betterave ou de grains de blé, et sur le biodiesel à base d'huile de colza. Il s'agissait de « verdir » l'essence et le gazole. Bioéthanol et biodiesel auraient dû représenter 10% des carburants utilisés dans les transports en 2020. Mais entre-temps, ces biocarburants de première génération ont été accusés de faire flamber les prix alimentaires ; et l'Europe de causer une déforestation à l'autre bout de la planète, comme en Indonésie, où la culture du palmier à huile est en partie destinée à fabriquer du biodiesel pour les moteurs européens.

Sous la pression de l'opinion, l'Union européenne rétropédale. La France, qui est déjà à 7% d'incorporation, n'ira pas plus loin, a décidé le ministre socialiste de l'Agriculture l'an dernier. Quant au Parlement européen, il pourrait décider en septembre prochain de limiter à 5% maximum la place des biocarburants de première génération. Déjà, les industriels sentent le vent tourner. Leur argument sur l'apport en tourteaux de colza européen pour le bétail, que permet leur production de biodiesel, ne semble pas peser. Le géant français des huiles, Sofiprotéol, a déjà condamné deux usines et pourrait en fermer deux supplémentaires, à l'automne. Les cours du colza s'effondrent, deux tiers de la récolte européenne étaient destinés à la fabrication du biodiesel. Dans ce tableau, l'inauguration d'une gigantesque usine de transformation du blé en bioéthanol en Angleterre a de quoi surprendre, mais toute la production de biocarburant et d'aliment du bétail qui en résultera sera consommée au Royaume-Uni, très dépendant des importations jusqu'à présent. L'usine devrait dans un deuxième temps produire du bio-butanol, issu des déchets agricoles et non des grains. Pas sûr qu'ailleurs les industriels européens, très échaudés, investissent massivement dans ces biocarburants de deuxième et troisième générations.

source www.rfi.fr

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