Le chocolat est trop cher, préférez la tarte au sucre
30 août 2013La banque Macquarie a trié le bon grain de l’ivraie. Pour 2013, il faut parier sur le cacao et délaisser le sucre et le café.
L’analyse que vient de publier selon la banque australienne a le mérite de la clarté. Nous étions déjà revenus au cours de l’année sur les conséquences de la météo clémente pour les matières premières. Maïs, blé, sucre…le climat semble vouloir se rattraper des catastrophes à répétition qui se sont abattues sur ces plantations ces dernières années. Mais une matière fait exception, le cacao.
Les niveaux des prix atteints en fin d’année dernière nous avait laissé penser que les épisodes de flambées des prix étaient derrière nous. Abidjan, responsable de 40% de la production mondial et véritable tour de contrôle du marché, venait de restructurer sa filière cacao et assurait un approvisionnement régulier du marché.
Que s’était-il passé alors ?
Un système plus souple…
C’était il y a à peine un an. La Côte d’Ivoire se remettait d’une guerre fratricide entre Laurent Bagbo et Alassan Ouattara. Le vainqueur Ouattara, arrivait à la tête du pays avec dans ses cartons de grandes réformes pour la filière cacao, véritable poumon de l’économie ivoirienne. La nouvelle structure créée fut une déception pour certains, mais elle avait l’avantage d’assurer un minimum de stabilité au système.
La grande innovation a concerné le rachat à un prix fixe de la production des paysans ivoiriens, prix dit « bord champ ». Le prix a été fixé à 725 francs CFA. Bien en dessous du temps de Bagbo, qui rachetait au dessus des 1000 francs, le système a l’avantage d’être plus durable. Les marges dégagées par l’Etat ont permis de lancer un vaste plan de modernisation des cultures.
Conséquence, les cours commençaient cette année autour des 1400£ la tonne à Londres, soit proche des plus bas de 2009. Malheureusement, c’était sans compter sur la météo.
Pénurie à venir pour 2014 ?
Le cacao est en train de vivre son trimestre le plus haussier depuis 2009. En cause, le manque d’eau. Selon MDA Weather Services, les chutes de pluies dans les régions du sud sont inférieures de 25% aux chutes normales. Selon l’analyse de la banque australienne Macquarie, le temps sec qui en a résulté fait peser une lourde menace sur la récolte à venir. Ce n’est pas tant le temps sec qui pose problème que son timing. « La période plus sèche a commencé plus tôt que prévu normalement » explique Jonathan Parkman, du groupe Marex Spectron.
Résultat, Macquarie annonce une production pour la récolte 2013-2014 en baisse, de 1,2%, soit à 3,94 millions de tonnes. Si cette prévision se réalise, elle ne manquera pas de créer une pénurie sur le marché, de l’ordre de 119 000 tonnes pour l’année à venir.
Plus inquiétant encore sont les faibles marges de manœuvres dont dispose le marché. Avec le nouveau système mis en place par Alassan Ouattara, la Côte d’Ivoire pré-vend plus tôt que prévu sa production. Si bien qu’aujourd’hui, près d’un million de tonnes sont déjà vendues, sur les 1,42 millions de tonnes qu’Abidjan devrait produire cette année.
La truffe en chocolat en hausse à Noël
Déjà à ses plus hauts depuis septembre 2012, autour de 1675£, la tonne de cacao sur le liffe londonien pourrait atteindre les 1750£ à Noël. A New York, l’autre marché du cacao, les hedge fund prévoit un plus haut depuis 5 ans !
Des stocks qui rassurent
Les prévisions de Macquarie, pour inquiétantes qu’elles sont, ne doivent pas faire céder les grands chocolatiers à la panique. Une donnée permet de relativiser la menace, l’état des stocks.
Après 3 ans de surplus, les stocks n’ont jamais été aussi hauts. Ils s’élèvent actuellement à 1,98 millions de tonnes, soit la moitié de la consommation annuelle. Mieux, selon l’Organisation internationale du cacao, ils n’ont jamais été aussi élevés depuis 1960.
C’est ce qui explique que nous sommes encore loin de la panique des années 2010 et 2011,
Sur 5 ans, on se rend compte que les prix du cacao restent relativement bas. Un passage au dessus des 1750£ serait toutefois la confirmation d’une hausse plus durable.
source l'édito des matières premieres