Matières premières : une année sur fond de crise (rapport Cyclope 2013)

"Crimes et châtiments" : Le titre choisit pour la 27ème édition du Rapport Cyclope – une bible de 716 pages sur les matières premières – ne fait pas dans « l’optimisme démesuré », a annoncé d’emblée son coordinateur et animateur, Philippe Chalmin le 14 mai lors de la conférence de presse annuelle de présentation du rapport Cyclope.

Rédigé par une soixantaine d’auteurs à travers le monde sous la direction de Philippe Chalmin, professeur d'histoire économique à l'université Paris-Dauphine, le rapport Cyclope analyse les grands marchés mondiaux des matières premières et des commodités du coton à l'acier en passant par l'or. Cette société d’étude créée il y a une soixantaine d’années tirait son nom de "Cycles et orientations des produits et des échanges".

Les crises se poursuivent

Comme à son habitude, Philippe Chalmin s’est inspiré d’une œuvre littéraire pour donner un titre au rapport 2013. « Cette année, Fiodor Dostoïevski, a été notre victime avec "Crises et Châtiments".» Mais il ne s’agit pas seulement d’une élégance littéraire, « ce titre, a-t-il précisé, est adapté à notre situation. »


L'économiste s’en explique aussitôt. Pour la crise tout d'abord. « Les premiers mois de l'année 2013 le confirment, nous sommes encore dans cette crise débutée en 2008. Le choc des cycles des matières premières sur les marchés mondiaux s’est poursuivit ». Et de rappeler que « nous sommes au cœur d’une phase de fortes tensions sur les marchés internationaux ».

Le Châtiment, lui, découle de l’incapacité de la planète à trouver une réponse devant cette crise, estime Philippe Chalmin. Ce dernier rappelle les crises institutionnelles auxquelles les marchés et les Etats ont été confrontés ou encore le fiscal cliff aux Etats-Unis. « Au niveau national ou international, cette crise a engendré les châtiments que nous avons connus ».

La Chine et le climat au centre de l'attention

Si l’année 2012 a été marquée par un calme géopolitique, les événements en Syrie et en Iran n’ayant pas eu d’impact majeur sur les prix du pétrole, la Chine et le climat ont imposé leur marque.

En novembre 2012, le 18ème congrès du Parti communiste chinois n'a pas été sans incidence sur le cours du minerai de fer dont le prix est tombé à 80-90 dollars la tonne avant de remonter à un pic de 160 dollars la tonne pour venir se situer entre 140 et 150 dollars la tonne aujourd'hui. S'agissant de la croissance du PIB chinois, Philippe Chalmin a une vision extrêmement positive et table sur une croissance de 9 % en 2013 là où les économistes prévoient 8 % et alors qu'au premier trimestre la croissance de l'empire du Milieu atteignait 7 %.

L'incertitude climatique demeure. Le marché du grain a connu les plus fortes tensions avec la sécheresse aux Etats-Unis et sur la mer noire. « Les plaines américaines vont-elles avoir de la pluie cet été ?», s'interroge Philippe Chalmin. « Y'aura-t-il des récoltes records pour reconstituer les stocks ?».

Quant au chapitre consacré à l’énergie, il met en évidence le paradoxe de l'année 2012. En vue de limiter les émissions de Co2, les Etats-Unis ont substitué le gaz de schiste au charbon, dont ils détiennent d'importants stocks, pour produire de l’électricité. L’Allemagne de son côté importe du charbon américain. Alors que les éoliennes n'arrivent pas à produire suffisamment d'électricité pour répondre à la demande, la production d’énergie à partir du charbon a augmenté en Europe, notamment en Allemagne.

A noter également, une nouveauté dans l'édition 2013 qui comprend un volet sur la viande de cheval.

Source www.lemoci.com

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